Patrick McCabe est irlandais, principalement auteur de romans et de nouvelles. Le Goret est une adaptation théâtrale de l’un de ses romans, Le Garçon boucher.
Franck adulte se souvient de son enfance de P’tit Goret. Tout au long de la pièce, il va dialoguer avec son double enfant. Les trente-deux scènes sont autant de souvenirs épars qui restent gravés, comme si les pensées tournaient en boucle. La narration n’est pas linéaire. Nous sommes dans la tête d’un homme dont les souvenirs tournent autour de ce qui l’a mené au meurtre et à la prison en passant par la case folie.
Malgré un tel sujet, l’auteur ne tombe jamais dans le mélodrame. Les scènes sont extrêmement rythmées, avec un humour grinçant et un côté enfantin. P’tit Goret a en effet des joies et des colères enfantines et immenses. La pièce est scandée par des « toc toc » frappés aux portes que P’tit Goret passe son temps à vouloir ouvrir. La pièce égrène aussi les « tic tac » du temps qui passe et conduit inéluctablement au meurtre. Elle est ponctuée par des rires, des « ha ha », comme si tout cela n’était qu’une bonne blague. Et P’tit Goret de préciser que non, ce n’est pas drôle.
P’tit Goret se débat avec sa famille. Dans son premier souvenir avec sa mère, il lui demande d’ouvrir la porte, elle répond : « Je vais me pendre. Reviens plus tard, P’tit Goret. » Il revient effectivement plus tard, en demandant si elle avait fini de se pendre. Et sa mère de répondre : « Non, je ne le fais pas comme il faut. » Alors P’tit Goret conclut : « Ben c’est pas ce qu’on dit dans cette ville, Maman ? Ces cochons - ils font rien comme il faut. (…) Autant me laisser entrer alors. »
Alors P’tit Goret s’accroche à son amitié avec Joe et rêve de couchers de soleil et de ciels orange. « On peut pas être cochon toute sa vie. J’ai pas raison, mesdames ? » demande-t-il. Il va devenir boucher pendant quelque temps, avant de basculer. Le P’tit Goret se transforme alors en loup, frappe à une porte, toc toc toc, la défonce et commet l’irréparable. Alors que la seule chose au fond qu’il voulait, c’était peut-être de peindre le ciel en orange.
Laurence Cazaux
Le Goret
Patrick McCabe
Traduit de l’anglais (Irlande) par Séverine Magois
Espaces 34, 120 pages, 15 €
Théâtre
novembre 2012 | Le Matricule des Anges n°138
| par
Laurence Cazaux
Un livre
Par
Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°138
, novembre 2012.