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Revue

novembre 2012 | Le Matricule des Anges n°138 | par Laurence Cazaux

Dans sa nouvelle pièce, Alexandra Badéa met en jeu quatre personnages définis par leur sexe, leur métier et leur lieu de vie. Un Responsable assurance Qualité Sous-traitance, Lyon (homme). Un Superviseur de Plateau (team-Leader), Dakar, (homme). Un Opérateur de fabrication, Shanghai (femme) et un Ingénieur d’études et développement, Bucarest (femme). Les personnages sont réduits à leur fonction productive et deviennent un point sur la carte du monde.
La pièce est structurée en vingt-huit scènes rapides, vingt-huit solitudes, des monologues qui parfois débouchent sur de courts dialogues. Le temps de l’action est resserré, la tension est extrême. La peur de ne pas réussir, de perdre son boulot, le désir d’excellence, le pouvoir font accepter l’inacceptable. Ces quatre voix sont écrites à la deuxième personne du singulier. Un tutoiement qui crée tout de suite la distance. Ce « tu » peut aussi bien être la voix intérieure des personnages imaginée comme un sursaut de la conscience, ou bien celle d’un observateur extérieur qui disséquerait des morceaux de vie. La structure conçue par Alexandra Badéa offre plein de possibles et d’envies pour le passage sur scène, nous sommes dans un théâtre de voix qui mêle l’intime et le monde, la parole est répétitive, rythmique, rapide, rugueuse parfois, incompréhensible aussi quand elle est envahie par le jargon professionnel. Ces quatre solitudes impersonnelles constituent comme un oratorio du monde du travail confronté à la mondialisation et aux seuls critères de rentabilité et de performance. L’identité propre et l’intimité sont pulvérisées. Elle surveille la nounou et sa petite fille via l’écran de son ordinateur, il oublie son fils dans un parc d’attraction, il trafique la réalité pour falsifier un accident du travail. De l’ouvrière à l’ingénieur, tous courent pour oublier leur vide intérieur. Car il s’agit de ça, apprendre l’oubli. L’oubli de soi-même et du monde.
C’est un vrai plaisir de retrouver l’écriture singulière de cette jeune auteure roumaine qui nous avait déjà touchés avec trois premières pièces, Contrôle d’identité, Mode d’emploi et Burnout.

Laurence Cazaux

Pulvérisés
Alexandra Badéa
L’Arche, 96 pages, 12

Le Matricule des Anges n°138 , novembre 2012.