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Domaine étranger Les Pères lointains

juin 2023 | Le Matricule des Anges n°244 | par Yann Fastier

Née à Riga, d’un père juif letton et d’une mère italienne, Marina Jarre (1925-2016) se voulait avant tout vaudoise. Fuyant les persécutions, les disciples de Pierre Valdo, ancêtres et cousins provençaux des huguenots, trouvèrent refuges dans quelques vallées du Piémont et de la Savoie où, bon an mal an, ils firent souche jusqu’à nos jours. Ce sont eux, les « pères lointains » de cette belle autobiographie, bien plus que ce père letton peu connu et si mal aimé dont la mère de l’autrice finit par divorcer, mettant ses deux filles à l’abri en Italie tandis qu’il tombait sous les balles nazies.
Mais si le socle vaudois ne fait guère de doute pour la petite fille de langue allemande qu’est encore Marina Jarre à son arrivée chez la grand-mère qui l’élèvera, ce sont les rapports mère-fille qui forment le leitmotiv du récit, l’écheveau qu’il s’agit de dénouer, patiemment, prudemment, au fil d’une véritable anamnèse. Rapports compliqués où l’amour inconditionnel, toujours déçu, rencontre le dédain d’une mère en même temps lointaine et trop semblable, et qu’il lui faudra combattre jusqu’au bout pour être enfin reconnue. Peu soucieuse de chronologie, ne craignant ni digressions ni coq-à-l’âne, Marina Jarre a l’autobiographie vagabonde et lucide à la fois, forte d’une froideur assumée, qu’elle veut héritée de ces rudes paysans qui « préféraient l’arquebuse et la pioche » à l’exaltation religieuse. Mais la distance n’empêche pas la précision, au contraire, quand « une pensée (…) est aussi rapide et fine qu’une coupure » et tout l’art des Pères lointains consiste à ne jamais rompre le fil des souvenirs, aussi ténu soit-il, aussi emmêlé et tout gluant d’Histoire, jusqu’à le laisser dans toute la lumineuse évidence d’une vie mise à nu.
En France, on ne connaissait guère Marina Jarre que pour L’Année de la manif (L’École des loisirs, 1984). S’il fallait un mot pour désigner les traductions tardives, « réparation » conviendrait ici assez bien.

Yann Fastier

Les Pères Lointains
Marina Jarre
Traduit de l’italien par Nathalie Bauer
Bourgois, 276 pages, 22,50

Le Matricule des Anges n°244 , juin 2023.
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