Manon Ona est une jeune professeur de français. Kesta est sa première pièce éditée. Elle la dédie à tous « les gosses cailloux », ceux que l’on ne sait pas bien comment prendre. « De petits cailloux pointus, très pointus. Endurcis par on ne sait quels chemins de vie – on le saurait que cela n’aiderait pas forcément à choisir par quel bout les prendre, ces petits cailloux » nous confie l’auteur dans une postface. Ces cailloux font penser au Petit Poucet qui cherche son chemin dans la forêt. Mais le chemin ici, c’est un passage souterrain réservé à la navette scolaire. Avec un décor de graffitis et de fresques murales et un environnement sonore de bruits de voitures.
Kesta peut être une fille ou un garçon, les deux sont possibles pour Manon Ona. Kesta se cache pour ne pas prendre la navette scolaire. Dans sa cachette, il (ou elle) rencontre l’Homme sans années, un SDF. L’homme cherche à comprendre, intrigué par le manège du gamin. Mais ce dernier ne se laisse pas apprivoiser facilement. Kesta a une langue trouée, sur la défensive, l’attaque ou bien la fuite. Comme l’indique son prénom, il (ou elle) commence toujours par une forme d’agression : Kesta ? Ça lui colle à la peau, c’est devenu son nom, son étiquette. Ce personnage est défini par sa langue toute de travers, avec des phrases inachevées, cabossées, des mots qui clopinent. Une langue qui a du mal à dire, une langue colère. Kesta va se laisser apprivoiser très lentement. On ne saura rien de son parcours de vie. Cela permet de garder le mystère et d’imaginer à travers lui tous les enfants possibles, les exclus du système scolaire, les migrants, les sans-papiers, les enfants du voyage… Un autre jeune, C qui a raté la navette, va chercher à entrer en contact lui aussi, entre autres en écrivant des mots sur les murs. La pièce ne raconte pas vraiment d’histoire, les séquences sont un peu répétitives, comme une suite de tentatives de rencontres, qui transformerait les éclats de mots en un sourire.
L. C.
KESTA
DE MANON ONA
Théâtrales jeunesse, 60 pages, 8 €
Théâtre
juin 2016 | Le Matricule des Anges n°174
| par
Laurence Cazaux
Un livre
Par
Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°174
, juin 2016.