De Montage (1992), son premier livre, aux déambulations filmiques de Gary Cooper ne lisait pas de livres (2004), en passant par le poème d’animation Schrek (2003), Véronique Pittolo construit un cinéma dans le poème : elle cadre, monte, coupe, ajuste, travaille sur l’ellipse et le fondu enchaîné. Son Hélène mode d’emploi, tout droit sorti du mythe, n’y échappe pas. On pourrait même penser que les vases grecs où elle se figure sont des mini-films, des photogrammes, de petits travellings où elle décompose son mouvement. Si on impute également à une éraflure sur céramique d’avoir trahi son nom et de l’avoir transformé en Hell/ laine, « c’est que, dit Pittolo, l’enfer est doux ». Que dans son image tournoyante il y a une césure par laquelle la fiction se renouvelle. La Hélène de Véronique Pittolo se métamorphose donc (mensonges, fuite et enlèvement compris). Elle court après sa propre ombre, jusqu’à devenir une silhouette filiforme au chignon-torsade sur une affiche de lingerie. Mais « l’image continue à sauter », alors Hélène « propose des répliques chuintées (micros derrière l’oreille) », et constate-t-on, « quand tu coupes le son, les mouvements deviennent tragiques ».
hélène mode d’emploi
véronique pittolo
Al Dante, 108 pages, 13 €
Poésie Hélène
septembre 2008 | Le Matricule des Anges n°96
| par
Emmanuel Laugier
Un livre
Hélène
Par
Emmanuel Laugier
Le Matricule des Anges n°96
, septembre 2008.