Un livre

Éruptions, amour et autres cataclysmes

de Sigridur Hagalin Björnsdottir

Editions Gaïa

Ce roman éruptif prend ses lecteurs à la gorge. La littérature islandaise est à l’image de ce pays hors norme, bâti sur des volcans en pleine activité, qui vit avec le feu qui couve sous la glace, et tous les excès de ces éléments. De temps en temps, un cratère au nom à coucher dehors se réveille. L’Eyjafjallajökull, en 2010, a mis une pagaille monstre dans l’espace aérien de toute une partie du globe. Le Fagradalsfjall il y a quelques mois, puis le Sundhnjukagigar il y a quelques semaines, sont venus chatouiller les habitants de villes proches de Reykjavik. 
Sigridur Hagalin Björnsdottir, journaliste connue qui présente le JT de la télévision publique, y a puisé le sujet de son troisième roman. Elle a juste imaginé le degré supérieur, l’éruption plus forte, le danger plus grand, et les grosses secousses sismiques qui viennent ajouter du chaos. Son personnage, Anna, est la meilleure volcanologue du pays. Tandis que ça pète de manière dangereuse dans le sous-sol de la péninsule de Reykjanes, cette langue de terre où sont situés la capitale et l’aéroport de Keflavik, ça tangue aussi dans sa vie affective. La suite est délectable, dans l’apothéose. Au milieu des innombrables automobilistes qui se précipitent, au début pour admirer l’éruption, voici une jeune femme, verre de champagne à la main, « ravie de se marier en robe blanche avec le nuage de cendres noires à l’arrière-plan, les photos promettent d’être géniales. Cette nation est complètement givrée », dit Anna au secouriste assis à côté d’elle. Les chapitres de fiction alternent avec des explications géologiques, de plus en plus terrifiantes. « Cette terre n’en est pas une, mais plutôt un fond marin affleurant à la surface des flots : un panache mantellique brûlant, un point chaud situé à la limite de deux plaques tectoniques. » C’est diablement bien raconté, dans la fureur des éléments et des sentiments.

Anne Kiesel

Éruptions, amour et autres cataclysmes
Sigridur Hagalin Björnsdottir
Traduit de l’islandais par Éric Boury,
Gaïa, 336 pages, 23 €