Nathalie Constans (née en 1966) se fait rare. Sa première publication ? Elle remonte à plus de vingt ans. Ensuite il y a eu La Réformation des imbéciles (2009) et Je suis pas la bête à manger (2013) chez ces mêmes éditions du Chemin de fer. Faut-il avoir aimé The Walking Dead pour apprécier pleinement la portée de ce roman polyphonique dont chaque partie est baptisée « saison » et dont les intitulés font des clins d’œil à la série ? Peut-être. À nous, en tout cas, il a laissé une impression mitigée… La séquence d’ouverture, qui promettait de joyeuses festivités – les habitants d’une cité imaginaire s’apprêtant à célébrer l’anniversaire de sa fondation – vire à l’horreur. De tous côtés attaquent des « zombies-chiens », partout ce n’est que carnage et tuerie : « La Cité envahie d’ombres, les voilà triomphants », ces morts-vivants qui activent d’effrayants « filaments », des tentacules mi-organiques mi-mécaniques. Isolés, les rares survivants se terrent dans des boyaux, tunnels et autres cavités, « par réflexe d’enfouissement ». Le récit, pluriel dans ses points de vue, mêle la tension propre à toute atmosphère crépusculaire au malaise de la deviner porteuse de fruits qui semblent féconds.
Dans son argumentaire, l’éditeur invite à y voir « une réflexion sur l’effondrement du monde capitaliste et la nécessaire reconstruction d’une communauté que cela implique sur ses ruines ». La catastrophe comme agent du changement ? L’idée du cycle, destruction-création ? Cette grille de lecture, une communauté dévastée cherchant un renouveau dans l’humanité singulière de ses rescapés, se tient, certes, mais elle peine à nous captiver. Quoique saisissante, la familiarité que l’autrice entretient avec le genre post-apocalyptique est peut-être trop démonstrative. Pénalisé par certaines longueurs, le livre, dont les qualités d’écriture sont évidentes, a quelque chose d’un plaidoyer survivaliste qui nous déroute un peu.
Anthony Dufraisse
J’avais peur que les morts soient là
Nathalie Constans
Le Chemin de fer, 272 pages, 19 €
Domaine français J’avais peur que les morts soient là
février 2023 | Le Matricule des Anges n°240
| par
Anthony Dufraisse
Un livre
J’avais peur que les morts soient là
Par
Anthony Dufraisse
Le Matricule des Anges n°240
, février 2023.