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Domaine français Révélations des images

mars 2024 | Le Matricule des Anges n°251 | par Christophe Dabitch

Tout commence par un album de photographies anonymes, sans légendes, acheté de nos jours sur un marché aux puces de Sofia. Les images datent des années 1950. On y voit des hommes et des femmes bien habillés qui posent pour l’objectif, prennent un avion, un bus, un bateau, et se présentent au monde ainsi, souriants et unis. Ils se rendent visiblement dans un « pays frère », en RDA, pour un projet inconnu. Ils prononcent des discours au-dessus de longues tablées, observent avec curiosité des danses folkloriques et visitent de prestigieux bâtiments. Peut-être travaillent-ils dans l’architecture, l’urbanisme ; peut-être sont-ils ingénieurs. Tout n’est qu’hypothèses et donc fiction, et c’est dans cette aventure de l’interprétation subjective d’un matériau photographique archétypal que se lance l’autrice, traductrice et poète d’origine bulgare, Zinaïda Polimenova. Ces traces photographiques deviennent des personnages, des relations d’amour, des hiérarchies professionnelles, et surtout le récit d’êtres soumis à un régime communiste dont le sort dépend de mystérieuses décisions prises quelque part dans l’un des bureaux de l’organe central.
Zinaïda Polimenova éclaire de façon intimiste des pans de l’Histoire que l’on connaît peu, notamment l’existence du camp de détention et de travail forcé de Béléné, sur une île au milieu du Danube. Elle incarne la sourde menace qui pèse sur ces hommes et ces femmes, jamais tout à fait dite (ou alors il est trop tard), jamais tout à fait claire (si l’on n’est pas l’un des rouages de la répression). Avec le personnage central de Theodor, dont la révolte profonde ne trouve pas vraiment de mots sinon par mégarde, comme des lapsus dans une langue et des attitudes codifiées, elle explore ce qui atteint l’individu dans sa chair avant même qu’il ne soit désigné ennemi : « Mais ce qu’il découvre à la lumière des évènements récents et qui restera à jamais invisibles pour les générations futures, à moins qu’elles n’en fassent leur propre expérience, c’est l’impact de l’histoire à l’intérieur du corps des gens. »
Les éditions du Chemin de fer mêlent dans leurs publications, comme ici, œuvres écrites et arts plastiques ; ou confient des textes à des artistes graphiques. Les photographies de Nucléus, placées en début et fin d’ouvrage ne jouent pas un rôle de juxtaposition texte-image ou d’intégration à la narration (Austerlitz, de W.G. Sebald) : elles se regardent en deux temps. Un premier comme effectivement des images anonymes, et un second, après la lecture, chargées de leur contenu fictionnel. On y cherche les visages des personnages, leurs rires et leurs inquiétudes. On y perçoit ce qui précisément ne se voit pas dans une image – l’intériorité. L’inscription dans le corps d’une oppression y apparaît à fleur de peau : la photographie est révélée par le texte.

Christophe Dabitch

Nucléus.
Ce qui reste quand il n’y a plus rien

Zinaïda Polimenova
Les éditions du Chemin de fer, 153 p., 16

Révélations des images Par Christophe Dabitch
Le Matricule des Anges n°251 , mars 2024.
LMDA papier n°251
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