La Belgique aime les –ismes, l’énonciation, le détournement et la franche rigolade. Fondé en 2005 à Bruxelles, le collectif Manifestement réalisa, une fois par an, une manifestation sur un thème finalement pas aussi incongru que cela. « Y a trop d’artistes » fut suivie de « Pour le rattachement de la Belgique au Congo », « La mort commence à bien faire ! », « Tous unis contre la démocratie ! »… Ce mouvement artistique se veut irréductible à tout surréalisme, dadaïsme ou « autre courant passéiste », et l’idée de commercialisation. Suite au Printemps arabe en 2011, l’expression « Ben Ali, dégage ! » retient son attention. « À l’idéalisme professionnel et souvent naïf du révolutionnaire succède le réalisme créateur du dégagiste désillusionné, mais vacciné. » Déloger pour déloger et mirer la vacance. Le temps dégagiste va devenir « un temps de haute mais riche incertitude » censé faire trembler les places boursières. Dans la foulée, le collectif publie Manifeste du dégagisme. Un appel à l’oxygénation mentale de « tout cerveau politisé », réhabilitant le concept de protodémocratie qui renvoie à l’intuition démocratique originelle. Aujourd’hui, Manifestement fait paraître, toujours aux éditions Maelström, Dégagisme du manifeste, « poursuite, à la fois sublimation, rétorsion et invagination, du Manifeste du dégagisme » et Chronique du rattachement de la Belgique au Congo, ouvrages illustrés oscillant entre agit-prop, contre-culture des années 70 et montages situationnistes. « Le ton monte, c’est le moment d’investir ! »
D. A.
Le Dégagisme du manifeste
Collectif Manifestement,
Maelström, 258 pages, 17 €
Domaine français Manifeste du dégagisme
octobre 2017 | Le Matricule des Anges n°187
| par
Dominique Aussenac
Un livre
Le Matricule des Anges n°187
, octobre 2017.