Et revoilà Guignol, le véritable Guignol lyonnais. Remis au goût du jour par Stéphane Jaubertie. Avec ses partenaires privilégiés, Gnafron et le gendarme. Avec sa gouaille, son impertinence, ses jeux de mots, ses coups de bâton et ses attaques en règle contre la société : « C’est au nom de ma jeunesse que j’m’exprime. Elle m’a soufflé dans la cafetière qu’il y a des choses plus attractives dans la vie que d’se porter des barouettes lourdes comme un troupeau de vaches mortes. » Avec son penchant pour la cuisine lyonnaise, le saucisson brioché, les bugnes et le tablier de sapeur. Sans oublier le côte-du-rhône ! Guignol redresseur de torts, que les enfants traditionnellement avertissent à grands cris des dangers qui le menacent, Guignol qui dérouille le chef mais se retrouve aussi victime de l’ordre social, tabassé de forte manière par ceux qui veulent le faire chanter, ou le faire taire… Guignol, c’est la liberté et l’insolence de la jeunesse. Qui ne s’y est pas trompée puisque les élèves de l’académie d’Aix-Marseille ont décerné à Crève l’oseille ! le prix Godot 2017 du Festival des Nuits de l’Enclave. Des élèves probablement touchés par la liberté de ton de Stéphane Jaubertie.
Il faut dire qu’il s’en donne à cœur joie. Il nous a habitués dans ses textes précédents à manier les mots, à tordre la langue, à se jouer des images et des métaphores. Il trouve là, en Guignol, un formidable compagnon de jeu. Mais un Guignol d’aujourd’hui, un Guignol qui parle CAC 40, Olympique lyonnais, hommes politiques, GPS et trafic de drogues. Un Guignol par ailleurs touchant, en proie aux scrupules, héros d’une histoire qui vire au fantastique : cachée dans les plumes de l’oiseau d’or qui plane sur la ville, l’aiguille trempée dans la mort menace les amis de Guignol. Mais notre héros croit en l’amitié. Il sauvera ses amis et chantera pour finir la Chanson des Canuts « pour tous ceux qui vivent comme des rats dans les villes ou comme des rats dans les champs, pour tous ceux qui veulent vivre libres en travaillant. » Revigorant. P. G.-B.
Crève l’oseille !
de Stéphane Jaubertie
Éditions Théâtrales, 56 pages, 10 €
Théâtre Brandir le bâton
octobre 2017 | Le Matricule des Anges n°187
| par
Patrick Gay Bellile
Un livre
Brandir le bâton
Par
Patrick Gay Bellile
Le Matricule des Anges n°187
, octobre 2017.