Il est des jours où l’on s’invente des urgences afin de se trouver une bonne excuse pour pouvoir sortir de chez soi. Le prétexte de Virginia Woolf (1882-1941) est charmant : l’achat d’un crayon de papier, pour lequel elle traverse la moitié de la ville de Londres entre 17 et 19 heures, s’offrant ainsi le « grand plaisir de la vie urbaine en hiver ». Cette sortie crépusculaire lui réserve son lot de rencontres insolites, et lui offre de vivre « la plus grande des aventures », laquelle devient ensuite un prétexte à l’écriture (cette prose parut en revue en 1927). Et c’est tant mieux, car Woolf nous réserve ici quelques beaux traits de plume : « Il y a également, tout près de nous, un couple penché sur la balustrade avec ce curieux sans-gêne des amants comme si l’importance de l’affaire qui les occupe appelait indiscutablement l’indulgence de la race humaine. »
D. G.
Dans les rues de Londres
Virginia Woolf
Mise en image Antoine Desailly
Traduit de l’anglais par Étienne Dobenesque
Les éditions du chemin de fer, 60 pages, 14 €
Histoire littéraire Dans les rues de Londres, une aventure
mai 2014 | Le Matricule des Anges n°153
| par
Didier Garcia
Un livre
Par
Didier Garcia
Le Matricule des Anges n°153
, mai 2014.