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Domaine français Faire le singe

novembre 2007 | Le Matricule des Anges n°88 | par Marta Krol

Sans se prendre au sérieux et sans flatter un lecteur paresseux, David Leblanc mêle fausses pistes et vraies idées dans un premier livre intrigant.

La Descente du singe

Voilà un auteur qui n’a pas encore véritablement trouvé comment nous faire profiter de son indéniable talent. Né en 1980 à Arthabasca à en croire la quatrième de la couverture (truffée d’informations loufoques), il semble, dans son premier livre, être à la recherche de la forme qui soit la sienne. Il balaie un large spectre, dans des textes brefs et travaillés : le conte philosophique moderne, la fiction fantastique ou vraisemblable, la note de soi à soi, la lettre, le poème, l’essai, et bien d’autres choses encore dont la caractéristique principale et sans doute recherchée est de rester réfractaires à une taxinomie poétique quelconque. Sans nulle pesanteur pourtant, et sans expérimentations prétendument révélatrices de sens que le lecteur se sentirait coupable de ne pas saisir. Car le livre est surtout ludique ; la lecture se déroule dans le plaisir et cette donnée certes impressionniste n’est pas à négliger, d’une part parce qu’elle paraît correspondre en miroir au plaisir de l’écriture, de l’autre parce que le plaisir est à peu près tout ce qui s’ensuit, tellement David Leblanc est vierge de toute velléité, généralement fondatrice d’un surplomb propre à un écrivain, de « communiquer » ou de « faire comprendre » ou encore de « s’exprimer ».
Cependant, il ne s’agit certainement pas d’un livre creux. Le lecteur constate rapidement qu’il a affaire à une intelligence pétillante, nourrie d’une culture littéraire et artistique. Aussi se laisse-t-il entraîner dans des exercices logiques revigorant l’esprit, qui cultivent l’art du paradoxe et de l’esquive, et énoncent sous des allures de vérités scientifiques, au terme d’une simili-démonstration sans faille, de réjouissantes et iconoclastes observations. Ainsi de cette description du végétarien : « Pur produit d’une civilisation perfectible qui se croit au-dessus de tout ce qui la précède, ce parangon de la non-pensée incarne, en dernière analyse, le degré zéro de l’évolution ». Un humour caustique et incisif devient un outil efficace pour démonter gentiment certains petits ou gros poncifs doctrinaux, artifices intégrés et autres lieux communs de notre époque, du féminisme par la cité universitaire jusqu’au snobisme intellectuel (français) : « La métaphysique occidentale s’explique encore difficilement, et pour cause, la disparition de Jacques Derrida, décédé le 9 octobre 2004 ». De temps à autre, des « notes » étonnantes d’érudition, comme celle sur l’intelligentsia russe, fourmillent des références possiblement vraies, et d’associations brillantes et cependant adéquates, en laissant in fine le sentiment d’être, pour le coup, écrites au premier degré, ou du moins de véhiculer une bonne dose de réflexion authentique. Tandis que les fausses citations en incipit : « Ceci n’est pas une allusion à Magritte. Diderot, Salon de 1789 » continuent à brouiller les pistes.
Bref, jamais ou presque on ne surprendra David Leblanc incertain de son chemin, et si la nature de son propos n’y est pas pour rien, la grande maîtrise du style lui procure avant tout un véhicule puissant et nerveux pour construire son texte. Sans chercher à dépasser la règle, l’auteur déroule une phrase souple, au besoin très longue et cependant limpide, parfaitement logique, sachant surprendre par un mot rare ou inattendu : « Car celui qui se flatterait de sa patrie ne serait qu’un tendre débutant, celui pour qui chaque pays serait comme le sien propre étant déjà plus avancé, alors que celui-là seul serait dans le vrai pour qui le monde entier ne serait plus qu’une vaste terre étrangère ». En restant à tout moment vigilant pour ne pas succomber à un cliché langagier ou à une image toute faite, à une facilité de joliesse ou à un raccourci d’expression, à moins que ce soit pour les utiliser comme matériau artistique : « Chère Ioulia, Je crois me souvenir que tu me demandais dans ta dernière lettre… » Plume forte, tête forte, reste à trouver une ligne de fuite qui catalyse ces énergies en une œuvre.

La Descente du singe
David Leblanc
Le Quartanier, 186 pages, 14

Faire le singe Par Marta Krol
Le Matricule des Anges n°88 , novembre 2007.
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