ric Durnez dans une alternance de séquences auxquelles il donne de drôles de titres comme « Espèce de prologue, le poisson » ou « Sorte de scène d’exposition : la dialectique » ou encore « Scène plutôt drôle ou plutôt intéressante parce qu’on y apprend un peu mais pas trop », l’écrivain donc, avec une distance qui évite de se prendre très au sérieux, aborde le sujet grave de la guerre civile qui dévaste un pays. Sokott la bête se situe dans un village dont les hommes ont pour la plupart disparu. Les femmes, au nom de la dialectique, veulent se venger de la tyrannie dont elles ont été victimes en écorchant La Générale, femme de l’ancien dictateur. Mais dans le même temps, elles cachent le dictateur dans les ruines d’un théâtre en lui demandant régulièrement des audiences pour obtenir quelques petites faveurs. Le dictateur en question cherche quant à lui à échapper au tribunal de la cour internationale et joue l’idiot avec sa femme parce qu’elle aimerait bien qu’il reprenne le pouvoir. Lorsque le dictateur médite ou auditionne, il lui arrive d’avoir des pensées profondes par exemple sur l’influence des piments sur la digestion et donc sur l’art de gouverner en général. Éric Durnez s’en donne à cœur joie dans cette parodie de pouvoir, en utilisant l’art du burlesque et le plaisir des joutes verbales pour mettre à mal une dictature très ubuesque. Mais l’écrivain crée aussi par moments de courtes séquences d’émotion. La pièce est une petite machine à jouer, elle a d’ailleurs été créée dans le cadre des Francophonies en Limousin à l’automne dernier dans une mise en scène de Frédéric Dussenne.
Sokott la bÊte d’Éric Durnez
Lansman, 72 pages, 9 €
Théâtre Farce dérisoire
janvier 2006 | Le Matricule des Anges n°69
| par
Laurence Cazaux
Un livre
Farce dérisoire
Par
Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°69
, janvier 2006.