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Domaine français Pèlerinage à Tsien-Tsin

juin 1996 | Le Matricule des Anges n°16 | par Didier Garcia

Christian Doumet poursuit Victor Segalen dans sa traversée de la Chine. Un voyage reconstiué, photos authentiques à l’appui.

Passage des oiseaux pihis

Aucun doute possible : Christian Doumet voue une véritable passion à l’œuvre de Victor Segalen (1878-1919) - un auteur souvent rangé, peut-être faute de mieux, aux confluences de Rimbaud et de Mallarmé, éternel voyageur toujours désireux de parfaire son expérience planétaire. Les deux derniers essais publiés de Christian Doumet témoignent de son engouement : Victor Segalen, l’origine et la distance (Champs Vallon, 1993) qui examine les rapports entre le poète et le voyageur, et Le Rituel du livre (Hachette, 1992) qui dissimule sous un titre moins explicite une belle étude de Stèles (1914), le recueil poétique de Segalen le plus connu.
Avec Passage des oiseaux pihis, il s’agit cette fois d’une reconstitution personnelle des trois voyages effectués par Segalen en Chine en 1909, 1914 et 1917. Une sorte d’instantané biographique romancé, étayé par des références authentiques (notes de carnets, extraits de lettres), et estampillé d’une quarantaine de photographies prises par Segalen, pour la plupart inédites (on y retrouve de manière flagrante son goût pour la statuaire chinoise).
L’aventure, doublée d’une quête quasi spirituelle, commence le 25 avril 1909. Ce jour-là le Sydney est à quai, à Marseille, et Segalen se trouve à bord ; destination : la Chine. En cette année 1909, les écrivains ont la bougeotte : Claudel achève Connaissance de l’Est en terre chinoise, Cendrars bourlingue tranquillement du côté de l’Asie (La Prose du transsibérien paraîtra quatre ans plus tard), Gide s’en revient de Tunisie… Le voyage devient religion.
À peine débarqué à Tien-Tsin (aujourd’hui Tianjin), une ville côtière baignée par la mer Jaune, Segalen y rencontre Claudel : l’entrevue est brève, et sans conséquence pour l’histoire littéraire. Mais c’est dans cette même ville de la province du Ho-pei qu’il retrouve Auguste Gilbert de Voisins (1877-1939), un jeune romancier qui rêve encore du Goncourt et pour lequel la postérité n’aura que peu d’égards. Les deux hommes se connaissent, s’apprécient ; pourquoi ne pas cheminer à deux comme le fit en son temps le célèbre équipage Flaubert/Du Camp ?
Durant le périple qui les pousse vers le Thibet, les deux compères lisent, assis sur leur cheval, consignent leurs impressions fugitives dans de petits carnets - Voisins en fera la matière de son Écrit en Chine (1913). Doumet retrace l’itinéraire des deux hommes, et parfois, à la faveur d’une intuition, tente de redonner vie à des instants privilégiés : « Voisins est couché à l’avant de la jonque tandis que Segalen, à l’arrière, rassemble ses notes de l’autre soir. L’opium traverse des pages rédigées en hâte. » L’aventure s’achève à l’hôpital maritime de Brest. Ce jour-là, la mer est forte, mais qu’importe : Segalen ne voyagera plus.
Les « images » et le texte séduisent, mais on regrette simplement que le récit semble libéré de toute scorie, comme débarrassé des anecdotes, de l’insolite et des éléments factuels qui font l’ordinaire d’un voyage. Le lecteur n’en retrouve pas moins « Victor Segalen toujours tendu vers son orient, y faisant brûler le grand feu de sa vie ». Alors que paraissent les deux volumes de ses Œuvres complètes (collection Bouquins) et une courte étude musicale dédiée à Debussy1, il n’était sans doute pas inutile de rappeler les deux passions qui régentaient sa vie : la Chine et le voyage, qui prenait « la valeur d’une expérience sincère : confrontation sur le terrain de l’imaginaire et du réel » (lettre à Jules de Gaultier, Péking, 11 janvier 1914).

1 Voix mortes : musiques maories, Éditions Novetlé, 57 pages, 59 FF

Passage des oiseaux pihis
Christian Doumet

Le Temps qu’il fait
110 pages, 130 FF

Pèlerinage à Tsien-Tsin Par Didier Garcia
Le Matricule des Anges n°16 , juin 1996.