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Théâtre Scène rock

novembre 2013 | Le Matricule des Anges n°148 | par Laurence Cazaux

Tag, la nouvelle pièce de Karin Serres, est une surprenante série policière en trois épisodes. Qui kill ?

Tag est un objet théâtral étonnant qui reprend de façon ludique les codes d’une série télé. Chaque épisode termine une intrigue propre, mais développe une autre histoire en parallèle qui trouve sa résolution à la fin du troisième épisode. Il y a une vraie mise en tension comme dans un policier, avec des rebondissements, des flash-backs et deux personnages principaux : Giuseppe Ensam, lieutenant de police, et Christel Ensam, bibliothécaire, sa sœur-frère. Les autres personnages sont nombreux, comme dans toute bonne série policière, il y a les membres de la brigade criminelle, mais aussi Feue maman, la mère morte, les gens du quartier, le garagiste, sa femme, la patronne des pompes funèbres, un punk, une graffeuse, un SDF, un ancien boxeur, une restauratrice ambulante, un fossoyeur et une multitude de chiens… Le nombre de personnages augmente à chaque épisode, mais à chaque fois l’auteur précise que tout ceci peut se jouer à partir de 4 comédien/ne/s. C’est une matière riche qui offre beaucoup de possibles, d’inventions. Les scènes s’enchaînent, rapides, haletantes, avec souvent de l’action, nous sommes dans un polar urbain, où les tags crient sur les murs et la nuit dévoile les blessures intimes.
La pièce commence par un générique, une chanson rock sur le cri des tags, suivi d’une courte scène récurrente : un enfant rentre de l’école, il annonce fièrement qu’il a marqué un but à la récréation, il cherche sa mère inquiet, et se met à hurler MAMAAAAAAN ? Une didascalie nous indique que son chien d’enfance hurle et qu’un enfant se met à hurler comme un chien. Les chiens de la nuit enchaînent sur un chœur parlé et Giuseppe, l’enquêteur, annonce que quelque chose est en train de monter. Le matin, des immenses lettres rouges dégoulinent sur le rideau de fer d’un magasin. Un tagueur inscrit jour après jour des lettres rouge sang sur les portes des commerces du quartier où habitent le lieutenant de police et sa sœur pour finir par écrire ces mots, Noli me tangere, ne me touche pas, comme une plaie qui ne cicatrise pas. « Quelqu’un souffre en ce moment, depuis longtemps, il souffre tellement qu’il va tuer. Ou qu’il demande à être tué… » Après enquête, le tagueur utilise du sang de chien pour peindre ces inscriptions qui sont en fait un appel au secours d’un gamin du quartier qui veut s’immoler. Les nerfs de l’enquêteur semblent mis à rude épreuve, comme si une blessure d’enfance remontait à la surface. Un deuxième tag hante les murs, BLON trois points KILA. Une autre énigme à résoudre. Fin du premier épisode.
Le deuxième épisode reprend par un rappel du précédent, puis de nouveau le générique et l’enfant qui rentre de l’école. Puis un jeune punk vient demander l’aide de l’enquêteur, car une fille qui tague la nuit avec lui a disparu. Mais Giuseppe n’est plus dans son état normal, il se comporte comme un chien, il flaire, hurle, aboie, et mène tout de même l’enquête. Les séquences courtes forment comme un puzzle, une mémoire ancienne qui resurgit petit à petit, comme cet ancien boxeur, avec trois points tatoués sur sa main. Et toujours les chiens qui se réunissent la nuit et hantent l’écriture de cette pièce. L’énigme de la jeune fille disparue se résout et le deuxième épisode se termine avec toujours ce tag : BLON trois points KILA. Troisième volet : si le mystère du tag est levé, la violence de la scène initiale va être transposée par des combats, des noyades… C’est tout à fait bluffant, le lecteur est happé par ces personnages abîmés, un homme-chien, un homme-femme, une morte et ces chiens qui parlent. Il y a là une humanité fébrile, troublante et un rythme assez inédit au théâtre. Cette pièce après sa lecture provoque la curiosité d’être entendue sur un plateau. Tag va être créée ce mois-ci au Nouveau Théâtre d’Angers, dans une mise en scène d’Anne Contensou pour la Cie Bouche Bée. Affaire à suivre.

Laurence Cazaux

Tag
de Karin Serres
Éditions Théâtrales, 128 pages, 15

Scène rock Par Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°148 , novembre 2013.
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