Belfort, hôtel des Capucins. Cinq commerciaux se retrouvent à la fin de leur séminaire trimestriel. Après avoir mangé, bu et dansé, ils vont jouer à un film. Ce soir-là, ils choisissent Rio Bravo d’Howard Hawks, « un putain de western ». Cinq commerciaux, quatre hommes et une femme, sont des héros le vendredi soir. Pour échapper l’espace d’un moment à la pression, aux chiffres, aux bilans. Aux techniques de management. Mais ils ne sont pas à la hauteur de leurs héros de cinéma. Les hommes ne pensent qu’à coucher avec Elisa, Elisa est partagée entre son petit mari qu’elle aime vraiment et qui l’attend, et le personnage flamboyant de Feathers qu’elle incarne dans le film. Et son jugement sur ses collègues de travail est sans appel : « La journée, ça porte des costumes-cravates, ça boursicote et ça investit dans l’immobilier, mais la nuit c’est pas mieux que les gros beaufs que vous passez votre temps à dégommer. Vous êtes des boulets. » Tous ont beaucoup trop bu et la soirée dérape. Ils se disent leurs vérités, se battent sans gravité, s’insultent. Ils sont minables. Cela finit très mal pour Elisa. À 5h57 exactement, elle enjambe la rambarde du balcon de l’hôtel des Capucins, à Belfort. L’auteure nous dit dans un court préambule sa passion des westerns qu’elle tient de son père. Son écriture tantôt chorale, tantôt cinématographique réserve de belles surprises, et les scènes de film doivent être un vrai régal pour les comédiens. La seconde pièce, beaucoup plus courte, narre la rencontre entre Calamity Jane et une jeune fille de 16 ans, Feathers, la future héroïne de Rio Bravo, qu’incarne Elisa dans la première pièce. Comme un complément d’enquête.
P. G.-B.
Dans la nuit suivi de
Je suis/tu es/Calamity
de Nadia Xerri-L
Actes Sud-Papiers, 88 pages, 16 €
Théâtre
novembre 2013 | Le Matricule des Anges n°148
| par
Patrick Gay Bellile
Un livre
Le Matricule des Anges n°148
, novembre 2013.