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Entretiens Mélodie mélancolie

septembre 2011 | Le Matricule des Anges n°126 | par Martine Laval

L’Année de l’hippocampe ou le vrai faux journal d’un jeune homme aux illusions brisées. Après L’Ami Butler et Dans les ombres sylvestres, un troisième roman tout en dérision de Jérôme Lafargue.

L' Année de l’hippocampe

Il voyage dans la nouvelle (Les Venues, Atelier In8), s’infiltre dans la poésie (L’Effacement des potences, Wigwam), imagine pour ses romans des personnages fantasques. Pour Jérôme Lafargue, la littérature, lire et écrire, sont d’abord affaire de plaisir. Le jeune auteur, né en 1968 dans les Landes, s’est créé un univers littéraire à la croisée des genres. Tout l’attire, le merveilleux, l’aventure, le réel, le fantastique, l’amour, le polar, l’humour… L’Année de l’hippocampe met en scène un narrateur trentenaire au passé flou, un « type à genoux », brisé par des années d’enquêtes et de reportages « aux confins de l’horreur et du merveilleux ». L’ex-voyageur, ermite d’un genre nouveau, pose ses valises non loin de ses amours d’antan : l’océan, la forêt. Il renoue avec le silence, la solitude, une sorte de contemplation très à distance du monde. Monde qui le rattrapera. Félix s’impose une discipline : écrire chaque jour une page, pas plus, dans laquelle il s’adresse à son seul ami, Tim. Pas de pagination dans l’ouvrage, mais une date et un morceau de musique en libellé, rock, jazz, classique, variété… À mi-chemin de cette confession, personnage et construction narrative seront chamboulés… On retrouve dans ce troisième roman, la marque Jérôme Lafargue : élégance du style et clins d’œil à la littérature.

Quelle est la filiation entre vos trois romans ?
Je considère L’Année de l’hippocampe comme le roman qui clôt un cycle. J’ai le sentiment que beaucoup de choses que j’ai abordées dans ces trois romans ne le seront plus pour un moment, comme si j’en avais fait le tour. Ou alors de façon très différente, moins frontale, et dans un futur plus ou moins éloigné. Je sais que ça m’ennuierait d’en parler de nouveau de la même façon, et il n’y a rien de pire que de s’ennuyer soi-même en écrivant !

Sont présents dans vos romans : l’amour, le double, l’écriture, la rébellion, la dérision, la fuite… Vous jouez à cache-cache avec ces mots-là ?
Je n’ai jamais d’idée préconçue lorsque j’écris. Je ne cherche pas non plus à faire passer un quelconque message, et, pire encore, je n’ai pas davantage de théorie ou de parti pris sur ce que peut ou doit faire la littérature. Comme lecteur et comme auteur, j’ai plutôt un rapport physique à la littérature, je me fais l’effet d’une brute plutôt que d’un érudit sensible ! Cela n’empêche pas l’émerveillement. Je pense sincèrement qu’il y a un phénomène magique lors de l’acte d’écriture, lorsque ce que l’on écrit échappe à sa conscience. Vouloir tout maîtriser du début à la fin, c’est se priver de ce charme-là, aux deux sens du terme. Donc, oui, toutes ces obsessions, elles sont bien réelles, mais je ne sais jamais jusqu’à quel point elles affleureront et ce qu’elles signifieront pour moi.
Cela dit, dans l’absolu, il n’y a aucune chose plus importante dans la vie que d’être amoureux, c’est quand même le sentiment qui fait vivre toutes les émotions imaginables, les meilleures...

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