RUBRIQUE Entretiens
Les articles
À l'école des sorciers
Le Monde magique de l’Italien Ernesto De Martino (1908-1965), où l’homme est en permanence confronté au risque de la « fin du monde », est un livre fondateur pour les sciences humaines. À découvrir avec sa spécialiste et traductrice Giordana Charuty.
En 2016, le lecteur français découvrait grâce à trois chercheurs, Giordana Charuty, Daniel Fabre, Marcello Massenzio, et une équipe de traducteurs, une somptueuse édition par l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) de La Fin du monde. Essai sur les apocalypses culturelles, chef-d’œuvre inachevé d’Ernesto De Martino. Un auteur bien connu en Italie mais quasiment ignoré du grand public en France. Le livre ouvert, on y voit de très intrigantes et belles photographies en noir et blanc prises par les photographes de l’anthropologue dans les années 1950 et 1960 : le Mezzogiorno,...
Un auteur
Aux noms des siens
Les textes qui composent le nouveau livre de Patrice Robin, constituent, plus qu’un portrait de l’auteur, celui d’une classe sociale à laquelle il est rarement accordé un peu de reconnaissance.
Si Le Visage tout bleu débute avec le récit de la naissance difficile de son auteur, c’est sans exhibitionnisme que Patrice Robin l’a écrit. Bien au contraire. « Naissance » pose ainsi le lieu d’où l’écrivain nous parle. Venu le cou étranglé par le cordon ombilical, l’enfant survivra grâce à l’oxygène de la forge de son oncle. On naît parfois le visage d’un bleu provoqué par l’asphyxie et...
S’ouvrir à tous les possibles
En rassemblant sept années de publications éparses, l’anthologie de la jeune Laura Vazquez vient confirmer l’émergence d’une voix poétique inouïe et puissante.
Ce sont des poèmes publiés en revues (Organisation de la chute, Par ici la sortie !, Sabir, Sunset RS, etc.) chez ses premiers éditeurs (Derrière la salle de bains, Plaine page, Cheyne) ou issus de commandes auxquelles Laura Vazquez, 36 ans, a répondu. Son premier roman La Semaine perpétuelle (éditions du Sous-sol) paru l’an dernier avait révélé à un plus grand nombre de lecteurs la...
Cape d’invisibilité
En une mosaïque psychédélique et métaphysique, le Costa-Ricain Carlos Fonseca s’ingénie à brouiller nos sens. Dru, prégnant, extrêmement subtil.
Dissocier le fond de la forme convoque aux portes de la perception, nécessite une acuité singulière, presque un changement d’état pour accéder à une vérité, au réel, au cœur même du mystère. La Psychologie de la forme ou « gestaltpsychologie (…) met l’accent sur les ressemblances structurales entre les formes perçues globalement et les ensembles moteurs considérés également comme totalités »...
Un auteur
Barcelone, de câpre et d’épée
Dans un roman de grandeur et de décadence, Miqui Otero nous raconte les quarante dernières années de la capitale catalane. Polyphonique, luxuriant et émouvant.
Les villes comme les romans sont composés de strates, d’accumulations, de précipités de vies, de gestes héroïques et triviaux, de tumultes et de silences, de soumissions et de révoltes… Des palimpsestes étonnants. Les écrivains qui élaborent le grand roman d’une ville effacent souvent une dette contractée envers elle et ce dès l’enfance, tant les cités sont matricielles. Barcelone ne se...