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Domaine français La peur des mots

septembre 1995 | Le Matricule des Anges n°13 | par Éric Dussert

En publiant Défiguration Michel Surya offre une alternative radicale aux empoignades qui opposent parfois héritiers chatouilleux et éditeurs lors de la publication post mortem des textes de nos grands hommes. Le narrateur de son récit, secrétaire particulier de l’écrivain Édouard Adler, s’est vu confier la mission de détruire tous les papiers, fonds de tiroir et correspondances de son employeur avant même que celui-ci ne décède.
Désespéré par la mort de sa femme, cet homme atteint par la cécité est mû par une angoisse qui confine à la folie. Décidé à mourir et à ne rien laisser de lui-même, Édouard Adler engage alors un rituel morbide dont le petit cercle qui l’entoure -son secrétaire, son frère et sa belle-sœur- subit l’influence oppressante. Tout doit disparaître. Face à ce postulat, le quatuor s’engouffre dans la nausée d’une irrépressible peur, celle que peuvent causer les mots, leur persistance et leur éclat.
Mais Michel Surya n’est pas de ceux que les mots impressionnent. Biographe de Georges Bataille (La mort à l’œuvre, Gallimard, 1992), directeur de la revue Lignes, il sait mieux que quiconque ce qu’une infime distorsion peut avoir de conséquences sur l’idée. Aussi, pour aller au plus près du raisonnement de ses personnages, au plus profond du huis clos, il avance au prix de retours en arrière, de parenthèses explicatives et d’insertions à la syntaxe redoutable : « En réalité, parce qu’il n’y avait pas jusqu’au pire qui ne fût plus à craindre (contre lequel il ne fût pas trop tard). » C’est dire…
Les premiers textes de fiction de Michel Surya, Exit et les Noyés (Librairie Séguier, 1988 et 1990) affichaient pourtant une phrase simple et vigoureuse. Il est d’autant plus surprenant que Défiguration s’affuble d’ampoules précautionneuses qui minent le récit et laissent le lecteur se perdre dans les limbes de circonvolutions un peu désuètes. Si l’on admet que l’étrangeté du sujet réclamait nuances et pondération, on regrette toutefois que la prose soit elle-même défigurée.

Défiguration
Michel Surya

Fourbis
135 pages, 98 FF

La peur des mots Par Éric Dussert
Le Matricule des Anges n°13 , septembre 1995.
LMDA papier n°13
6,50