RUBRIQUE Entretiens
Les articles
Le vilain rêve
De l’utilité de lire Le Grand Sommeil dans la retraduction de Benoît Tadié, qui rend au premier roman de Chandler sa singularité triste et toujours frémissante.
Évidemment, on se souvient de l’adaptation d’Howard Hawks : clair-obscur au cordeau, récit au galop, érotisme incisif des dialogues Bogart/Bacall. Sauf que leur couple ne s’est jamais formé chez Raymond Chandler (où le détective Philip Marlowe repoussait toute manipulation des dames) ; que l’histoire y était beaucoup plus composite (Chandler ayant fondu l’intrigue de deux nouvelles antérieures, et se fichant assez d’une vraisemblance que le style seul se chargeait d’assurer) ; que la couleur d’ensemble du roman tirait, plutôt que vers le noir et blanc classieux consacré par la tradition,...
Un auteur
Jesan-Luc Sarré : modifier le débit
Rencontre avec Jean-Luc Sarré pour la sortie de Embardées. Une poésie tonique comme un rapt.
Rencontré dans un café près de la place St Sulpice, Jean-Luc Sarré (né en 1944 à Oran), grand front yeux noirs cernés par de larges sourcils, quelque peu méfiant envers ce qu’il aurait bien à dire de sa propre poésie, nous a parlé de son trajet -et parlé vite, débitant 300 mots/minute dont il mâche et avale les dernières syllabes-, de ses premiers livres, tels que La Reprise (Orange Export...
Un auteur
Michel Deutsch : réquisitoire pour Brecht
Deux titres de Michel Deutsch sortent en librairie, mais cet homme de théâtre et de plume, engage depuis toujours, préfère réagir au Brecht et Cie de Fuegi. Vraie colère.
Auteur, dramaturge, metteur en scène, poète, essayiste… Difficile, en quelques substantifs, de faire le tour d’un homme dont la carrière s’inscrit déjà dans l’histoire du théâtre français. Pétri de littérature allemande et amateur de polars américains, Michel Deutsch poursuit -en plus de 20 ans et près de 30 textes- une exploration passionnelle et attentive de la langue. Des années TNS...
Un auteur
Goffette : l’insaisissable désobéissance
Après le succès de La Vie promise et le prix Mallarmé récompensant Eloge pour une cuisine de province, Guy Goffette affirme une poésie d’acide et de blues. Le Pêcheur d’eau sort chez Gallimard.
Sous son chapeau de feutre noir, mais sans feu de bois, sans veillée de flamenco autour des roulottes, un gitan qui aurait égorgé père et mère dans un rêve en voulant les serrer contre lui, Guy Goffette est l’incendiaire de sa propre vie : il pille, saccage, allume des brasiers pour les éteindre ensuite. Un chien. Guy Goffette est un chien en poésie - Supervielle, Jammes, Claudel lui...
Un auteur
Les mots menus d’Antoine Emaz
Minimale, sèche, saillante et rase, la poésie d’Antoine Emaz dit ce qui passe entre le dehors et ce qui nous est intérieur. Les mots d’Entre, son dernier recueil, en sont les traces serrées.
Sec, le carré bleu de Gauloises dans la main, venu d’Angers où il vit pour nous rencontrer chez son éditeur, Antoine Emaz (né en 1955), la voix hésitante ou mal assurée, a accepté cet entretien, sachant que dire ou approcher le pourquoi ou le comment du poème (sa cuisine) est toujours un exercice voué à l’échec. Antoine Emaz parla donc de ce mot de poésie, mot qui l’aimante, le creuse, chaque...