auteur Philippe Annocque
A propos
La bête en nous
D’une écriture tellement feutrée qu’elle en devient menaçante, Philippe Annocque fouille l’âme d’un village rongé par un mal étrange.
Pas étonnant qu’il faille marquer un temps d’hésitation avant de reconnaître Philippe Annocque lorsqu’il pousse la porte du café. Il ne ressemble pas vraiment à la photo imprimée en quatrième de couverture de son premier roman. Tout comme les deux livres dont il est l’auteur ne se ressemblent pas. Leurs thèmes sont éloignés, leurs cadres diamétralement opposés et leurs styles en complet décalage. Une affaire de regard, paru au Seuil en 2001, est l’histoire d’un type qui collectionne les ratages. Une sorte de anti-héros, passif avec les filles, en train de taper sur une vieille machine un...
Ouvrages chroniqués
Les Singes rouges
de
Philippe Annocque
2020
En brefs instantanés, Philippe Annocque reconstruit l’enfance antillaise de sa mère, « mulâtresse blanche ».
Une créolité délavée », c’est ainsi que l’auteur décrit ses origines, ou si ce n’est les siennes, celles de sa mère, qui sont forcément, par ricochet, les siennes aussi. Des origines à mi-chemin du blanc et du noir qui commencent en Guyane et se poursuivent en Martinique.
Les singes rouges du titre sont des singes peut-être hurleurs dont on peut deviner la présence là-bas, tout près et tellement loin, « sur l’autre rive » du fleuve, dans la forêt – tropicale, guyanaise – ; des singes dont le nom n’est sans doute pas le bon, mais qu’importe car c’est celui que leur donne le souvenir...
Mémoires des Failles
de
Philippe Annocque
2015
Dans une prose élégante, Philippe Annocque se propose de reconstituer l’immensité de tout ce qu’il n’a pas vécu.
La mémoire, qu’on aimerait voir comme un outil fiable, une grande et belle étagère où aller piocher régulièrement de beaux volumes reliés dans lesquels retrouver, nets ou flous, diverses anecdotes, faits et gestes correspondant à ce que l’on appelle faute de mieux « les étapes de la vie », s’avère trop souvent instable, propice à l’équivoque. Impossible de s’y fier. La mémoire, pour tout dire, défaille. Et c’est dans ces interstices, qui tendent parfois à la grande brèche, que Philippe Annocque décide de plonger, disposé à affronter ce qui justement fait faille.
Le titre à double entrée...
Seule la nuit tombe dans ses bras
de
Philippe Annocque
2018
Le nouveau roman de Philippe Annocque fait d’une histoire d’amour virtuelle une métaphore du pouvoir des mots et de leurs limites.
L’amour est-il une réalité, ou ne s’agit-il que d’une idée ? Une sorte d’aventure que l’on se construirait dans la tête, moins directement palpable, mais tout aussi puissante ou amère ? Quelque chose qui serait à la fois beau, émouvant, angoissant, curieux et incertain, mais également un peu désenchanté. Ou surtout désenchanté : l’expression d’une forme très contemporaine de la solitude, « comme le rêve si vivace au réveil ne laisse une heure après guère plus qu’une impression triste ou langoureuse dont on a oublié la cause ». Herbert Kahn, certainement, penche pour la deuxième option,...
Pas Liev
de
Philippe Annocque
2015
En un récit tressautant, Philippe Annocque invente un personnage sans horizon dont il nous demande de deviner la situation.
Arrivé dans une localité probablement rurale, Kosko (sans rapport avec le traducteur du Piotrus de Leo Lipski, Allan Kosko) pour y occuper les fonctions de précepteur, un certain Liev, individu n’arborant pas de qualités particulières, s’installe dans une propriété qui pourrait être une ferme. Ou autre chose. Là, en absence des enfants dont il doit s’occuper, un homme lui fournit de petits travaux de copie, Magda lui apporte ses repas, le met dans son lit, et la fille de la propriétaire, si c’est bien elle, Sonia, se fiance à lui… « Non, vraiment, tout allait bien pour Liev. »
Pourtant,...

Liquide
de
Philippe Annocque
2009
À travers le récit d’un homme en quête d’identité, Philippe Annocque compose un texte d’une familière étrangeté.
Il ». « Elles ». Un homme au bord d’un fleuve. Les femmes (Suzanne, Angélique, la mère) qui l’ont traversée, sa vie. C’est à partir d’un cliché (le lieu commun selon lequel la vie poursuit son cours, charriant et confondant à la manière d’un fleuve ses alluvions-souvenirs), que Liquide, récit inattendu et discret de Philippe Annocque, dit justement l’usure, celle d’un être autant que celle des mots, et montre comment, par menues et presque imperceptibles dérives, une vie se trouve emportée malgré elle très loin de son lieu de départ. Il fait en effet transparaître le continu glissement...