La rédaction Jérôme Delclos
Articles
Une marque allemande
De sa dérive urbaine sur fond de prostitution, Emmy Hennings (1885-1948) tire une brûlante quête de soi. Rude et mystique.
Au XVIe siècle sur le parvis d’une église espagnole, la prieure Thérèse d’Avila fit scandale en haranguant ses Sœurs aux mots de « Nous sommes les putains du Christ ! ». Elle avait fugué du foyer familial à 7 ans dans l’idée très romanesque de « se faire décapiter par les Maures », une seconde fois à 18 pour rejoindre un carmel mondain et peu cloîtré. Prostituée dans la Prusse de 1911, la jeune Emmy, pionnière du dadaïsme, elle aussi fugueuse à 18 ans mais pour suivre une troupe de théâtre ambulant, est une semblable rebelle. Et le début de son « Tagebuch » – un journal – attaque fort lui...
Un auteur
L’arpenteur de frontières
Maîtrisant tous les genres et déplaçant leurs limites, Italo Calvino (1923-1985) lègue une œuvre toujours en mouvement. Mais non sans constance et fidélité à soi.
À quoi reconnaît-on qu’un écrivain contemporain devient un classique ? À la parution d’inédits, de nouvelles traductions, à la réédition d’un même livre sous un autre titre : ainsi d’Aventures d’Italo Calvino récemment recyclé par Folio à trois mots près sous son titre original Les Amours difficiles (Gli amori difficili).
S’agissant de Calvino, ces événements éditoriaux à l’occasion du...
La grande manœuvre à lunettes
La philosophe Simone Weil témoigne de l’usine : sa violence, ses douleurs et ses joies. Un « mystère », et un grand livre.
En décembre 1934, la jeune agrégée de philo Simone Weil se fait embaucher dans une usine comme « manœuvre sur la machine ». Pour comprendre et partager les « souffrances des ouvriers ». Dans une lettre d’avril 1935 que cite dans sa préface Thomas Dommange, elle note : « Cette expérience, qui correspond par bien des côtés à ce que j’en attendais, en diffère quand même par un abîme : c’est la...
Un livre
Le Bruit que font les animaux pour mourir
de
Samuel Lebon
Le Bruit que font les animaux pour mourir de Samuel Lebon
Habitué des résidences d’auteur, Samuel Lebon les transpose en décors de roman. Son premier, Satan mène le bal (Filigranes, 2020), récit autofictif d’une dérive trash à Deauville, se revendiquait de Bukowski – galères, baise et gueules de bois. Le Bruit que font les animaux pour mourir, quant à lui, a été écrit dans une cabane en forêt. Roubaisien, Lebon s’y rêve en Jim Harrison. « Tous ces...
Réflexions sur le mensonge de Alexandre Koyré
Juif d’origine russe, Alexandre Koyré, bien connu comme philosophe des sciences, l’est moins pour ce texte politique, paru en 1943 à New York où il avait émigré en 1941. « On n’a jamais menti autant que de nos jours. Ni menti d’une manière aussi éhontée, systématique et constante. » Certes le mensonge est le propre de l’homme, mais ce n’est pas son caractère d’universalité – « l’homme a...