La rédaction Emmanuel Laugier
Articles
Des livres
Recueil collectif de recettes d’hiver
de
Louise Glück
L' Iris sauvage / Meadowlands / Averno
de
Louise Glück
Tout est à ramasser, à sentir
Louise Glück, que le prix Nobel de littérature couronna en 2020, laisse des livres dont les expériences cellulaires indiquent l’éclosion de toutes choses.
Dès ses premiers livres jusqu’à Ararat (1990), encore inédit en français, qui précède de deux ans le livre qui la fera connaître (L’Iris sauvage, prix Pulitzer), on sent chez Louise Glück (née à New York et issue d’une famille juive hongroise) une façon tout à elle de camper les scènes, ouvertes et énigmatiques, de chacun de ses poèmes. À l’exemple de l’un d’entre eux, où la narratrice évoque sa propre absence : « Je ne me vois jamais, debout sur le perron, tenant la main de ma sœur./C’est pourquoi je ne peux pas expliquer/les bleus sur son bras, à l’endroit où la manche se termine »...
L' Île rebelle de Collectifs
Il manquait à la poésie britannique du XXIe siècle une anthologie, aussi complète que le furent les Matières d’Angleterre (In’hui, 1984) en leur temps. C’est chose faite grâce à Martine De Clercq et au poète Jacques Darras qui ont réuni ici un vaste choix, dont le mérite consiste à croiser les différents traits (bigarrures et unité) que la poésie anglaise donne à sentir à travers son...
Manœuvre de pelle et de pioche
Toute la vie, première traduction du poète tessinois Fernando Grignola, révèle quelle attention sa poésie portait aux pauvres, à l’économie du peu, aux gestes frugaux et néanmoins essentiels à toute existence vraie.
C’est un miracle que de voir paraître de tel livre. Toute la vie est lui venu de l’écrin tessinois (et plus particulièrement de la région du lac Lugano) résonner aujourd’hui dans nos mains tel le froissement odorant d’une gerbe de foin. Bien que lauréat du grand prix Schiller en 1998, qui, de l’autre côté des Alpes, aura entendu la voix de Fernando Grignola (écrite dans le dialecte de...
Frères, qui après nous vivez…
Avec Erre, ultime opus posthume, Antoine Emaz (1955-2019) fait dépôt d’un livre dont chaque date, comme un point vibrant, dit ce qui reste à vivre hors l’impossible instant de mort.
Erre a été écrit du 7 juillet 2018 au 21 septembre 2018, corrigé par deux fois, à l’exception de la dernière série de poèmes. Ce couloir de temps restreint où le livre s’engouffre, Antoine Emaz l’a suivi sachant qu’il se rétrécirait à mesure, logiquement, comme une vie s’amenuise et s’altère. Le cancer, qu’il ne cacha pas, la résistance qu’il ne cessa de déployer pour lui faire face, ne se...
Un livre
Oeuvres complètes
Coffret en 4 volumes : Volume 1, Oeuvres poétiques ; Volume 2, Traduction ; Volume 3, Journal 1916-1976 ; Volume 4, Critique
de
Gustave Roud
Je suis ce que je vois
La parution des quatre volumes de l’œuvre complète (dont le journal) du poète suisse romand Gustave Roud permet de mesurer l’ampleur et la puissance sensuelle de son phrasé.
Gustave Roud, lorsqu’il est filmé par le cinéaste Michel Soutter en 1965 dans la ferme de Carrouge (dans le pays vaudois du Jorat), y vit depuis que sa famille y a déménagé en 1908, soit depuis 57 ans. Il y habitera toute sa vie, avec sa sœur Madeleine, puis seul jusqu’à sa mort le 10 novembre 1976. Fin et presque émacié, il a perdu sa fine moustache des années 30, cheveux quasi gominés,...