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Domaine étranger Dubaï à l’envers

septembre 2023 | Le Matricule des Anges n°246 | par Christophe Dabitch

Deepak Unnikrishnan dépeint avec une grande liberté narrative un monde inconnu, en deçà du luxe défiscalisé prisé par nos influenceurs.

On sait le modernisme radical des Émirats arabes unis, les flamboyances de verre et de métal d’Abu Dhabi et Dubaï, les extravagances artificielles cohabitant avec les cultures traditionnelles, le pétrole, gaz et finances mondialisantes. On sait aussi par les enquêtes journalistiques et les rapports d’ONG les dures conditions de vie d’un lumpenprolétariat international qui fait briller la luxueuse vitrine. On sait encore d’autres faits sur ce pays dont la population est composée à 90 % d’immigrants mais finalement peu par le prisme d’une vision subjective et littéraire. C’est le premier étonnement provoqué par ce roman, À titre provisoire, de l’auteur d’origine indienne Deepak Unnikrishnan qui a grandi à Abu Dhabi avant de partir étudier aux États-Unis puis de revenir enseigner aux Émirats avec la nationalité américaine. Le second étonnement est la forme car ce récit explore avec des histoires courtes un monde indien émirati peu connu en mêlant différents genres – récit intime, autofiction, scènes sur le vif, faits divers, listes de métiers, contes, histoires fantastiques –, des registres de langues selon les locuteurs et les narrateurs, et les langues elles-mêmes.
Le ton vif et la narration non linéaire jouent avec une forme de fantaisie qui, plutôt que décrire de façon documentaire, privilégie le ressenti. Deepak Unnikrishnan redonne vie sans pathos à ces hommes et femmes qui ne semblent être officiellement que des ombres, qui un jour meurent en tombant d’un chantier, disparaissent dans un désert ou une prison, quittent le territoire sans sommation ; qui ne sont que des corps-machines éphémères et méprisés auxquels la nationalité est interdite et qui de retour chez eux éprouvent d’autant plus le complexe de l’immigrant déraciné en observant ceux qui sont restés : « Et vous contemplerez ce qu’ils possèdent. Vous comparerez inévitablement votre vie à la leur, les choix que vous avez faits, le chemin parcouru. Vous vous demanderez si ces chiottes à l’européenne valaient la peine. Et une fois que vous aurez fait tous vos calculs, avec ce que vous avez perdu et ce que vous avez gagné, vous vous rendrez compte de ce que signifie vraiment le mot pravasi : absence. » La dernière expression du livre est « faire ses adieux » : démonstration achevée.

Christophe Dabitch

À titre provisoire
Deepak Unnikrishnan
Traduit de l’anglais par Pascal Sieger
Othello, 312 p., 19

Dubaï à l’envers Par Christophe Dabitch
Le Matricule des Anges n°246 , septembre 2023.
LMDA papier n°246
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