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Poésie Raviver le plaisir d’exister

mars 2023 | Le Matricule des Anges n°241 | par Richard Blin

Chez les peintres et les poètes, comme dans le contact avec les réalités naturelles, c’est une manière d’habiter la finitude, que quête Alain Lévêque.

Il n’aura cessé, Alain Lévêque, d’aller à la rencontre des artistes qui, par amour de la réalité, volonté de ne pas déserter le réel, ont fait du temps de vivre un jardin, et ont laissé à travers leurs œuvres, un témoignage de leur présence au monde. Des frères en finitude chez qui il trouve de quoi renforcer son goût du terrestre, son sens de la vie dans l’ici et le maintenant, autrement dit de quoi exalter le sentiment qu’il a en propre du fait d’exister. Dans ses carnets, ses poèmes – Manquant tomber (L’Escampette, 2011) – comme dans À la rencontre, le livre qu’il nous donne aujourd’hui – des notes de carnets et des essais sur des peintres, 2003-2020 – c’est la manière d’habiter la finitude, et la façon de recréer du lien entre le monde et soi-même, qu’il met en exergue.
Plutôt que de céder à l’emprise des forces négatives, au tragique qui naît des pensées de la mort ou aux fantasmes d’immortalité des adeptes d’un au-delà trompeur, il s’agit, dit-il, d’accepter la loi naturelle qui veut que tout finisse. La mort, il faut la concevoir comme une défleuraison, consentir à n’être que de passage, ne plus considérer le temps fini comme un gouffre mais, au contraire, l’épouser comme le danseur épouse la musique. Ce passage qui est « existence et coexistence avec ce qui est », cette vie qui est notre seul bien et notre seul lieu, vivons-les en étant présent au monde avec la force d’intensité et d’attention propre au regard premier, celui des commencements.
Un regard, une attention aux choses les plus simples qu’il retrouve dans le monde des images et chez un certain nombre de peintres et de poètes – Paul de Roux, André Frénaud, Philippe Jaccottet, les Poèmes de Samuel Wood de Louis-René des Forêts – qui parlent la même langue de l’être au monde, partagent le même rêve d’une humanité à nouveau accordée aux souffles primordiaux. Chez Constable ou Gustave Roud, c’est un « subtil mélange de mélancolie et d’émerveillement » que Lévêque voit culminer dans des « moments d’adhésion lumineuse au terrestre ». À travers les figures de femmes « luminescentes » accueillant le monde par tous les sens, telles que les dessine Lucy Vines, c’est l’éloge de l’éphémère terrestre qui se donne à voir autant que « le sentiment d’exister dépouillé de ses faux-semblants ».
Au fil donc des notes de ses carnets – impressions plus ou moins fugaces, bonheurs fugitifs, beauté des jeunes femmes, traces d’une vie passagère dans ses accords avec les réalités naturelles ou la vie animale – comme dans les essais qu’il consacre à des peintres aimés, c’est l’appétit de vivre qu’il célèbre. Comme chez Farhad Ostovani accompagnant des iris dans les atteintes successives que leur inflige le temps. « Nous sommes devant eux au sein du temps vécu, dans sa durée douloureuse et illuminante à la fois, dans sa beauté déchirante. »  ; ou comme dans les œuvres d’Anne-Marie Jaccottet qui, « avec le vibrato qui lui est propre » rejoint la musique que Lévêque entend chez Bonnard, un peintre en qui il voit « un illuminateur de la finitude ». Chez Véronèse, chez Mantegna, chez Yves Lévêque, il aime la façon dont sont donnés à sentir les moments où prédomine le plaisir d’exister. Ailleurs, chez Palézieux ou dans les écrits de Pierre-Albert Jourdan, il a le sentiment d’entrer dans « le pays de l’émerveillement que suscite le simple », qui est là, à côté de nous, dans l’ordinaire des jours. Ce qui fait de ce livre une ode au ravissement de vivre, à ces moments où l’on se sent au diapason de l’enchantement d’être.

Richard Blin

À la rencontre
Alain Lévêque
L’Atelier contemporain, 184 pages,
16 illustrations, 25

Raviver le plaisir d’exister Par Richard Blin
Le Matricule des Anges n°241 , mars 2023.
LMDA PDF n°241
4,00