La rédaction Richard Blin
Articles
L'Armorique dans tous ses états
D’une beauté violente, les poèmes d’Henri Droguet enchantent par leur aventureux désordre et leur fruité d’inconfort tonique.
Diablement vivifiante et ivre de vent, la poésie d’Henri Droguet. Hérétique et quelque peu sauvage aussi. Ça secoue, ça se déploie, ça rape et ça rit, ça se rattrape comme le funambule sur son fil. Faite de chutes et d’élans, elle obéit à la logique de l’instant et aux diktats de la météorologie. C’est vif et intense, dense et subtil avec un sens certain de l’incommensurable. Elle est faite de libres errances dans le grand dehors, celui des éléments premiers de l’espace armoricain, de la réalité primordiale de l’air, du vent, des vagues, du roc, de toutes ces choses de la terre qui sont...
Aventurier de lui-même
Au terme d’un livre poignant qui explore l’origine de sa difficulté à habiter sa vie, c’est un nouveau rapport au désir d’écrire que décèle Stéphane Lambert.
La question de l’intime et celle du processus de création convergent toujours chez Stéphane Lambert. Qu’il évoque ses morts (Mes morts, Le Grand Miroir, 2007), sa réalité corporelle (Mon corps mis à nu, Les Impressions nouvelles, 2013) ou la vie et l’œuvre d’artistes comme Beckett, Hawthorne, Melville, Rothko, de Staël, Goya, Spilliaert, ou Klee (tous chez Arléa), ce qui le requiert tient à...
La cinquième saison
Chronique de l’apprivoisement mutuel d’une fille et de sa mère en fin de vie, le nouveau livre de Caroline Lamarche touche par l’intensité de sa vérité et son humanité.
Tout commence, comme souvent chez Caroline Lamarche, par un rêve dans lequel elle voit sa mère se présenter devant la maison où elle vit. « Elle se tenait devant la façade plongée dans l’obscurité, son regard presque aveugle levé vers la fenêtre de ma chambre. (…) Son attitude désarmée laissait entendre qu’elle se sentait infiniment seule face à cette maison d’où je paraissais absente. » Une...
Un auteur
Une inexistence joyeuse
Loin de l’image de la recluse frustrée et malheureuse, la vie d’Emily Dickinson (1830-1886) fut celle d’une nature ardente et rebelle dont le moi sauvage ne cessa d’osciller entre extase et angoisse. À l’image de sa poésie.
Elle intrigue, elle fascine, elle inspire, Emily Dickinson. Jerome Charyn la réinvente en lui donnant une voix dans La Vie secrète d’Emily Dickinson (Rivages, 2013), Christian Bobin rêve autour de sa biographie dans La Dame blanche (Gallimard, 2007) ; Dominique Fortier, dans Les Villes de papier (Grasset, 2020), imagine sa vie intérieure tout en tissant une intéressante réflexion sur le...
Le roman réinventé des années vingt
Au cœur des Années folles, des poètes partent à l’aventure du roman. Expérimentant les formes romanesques selon des formules insolites, ils participèrent au renouvellement mondial du genre. Émilien Sermier, dans un essai aussi riche qu’informé, les réhabilite.
Parmi les angles morts que présente l’histoire littéraire, il en est un que l’euphorie des Années folles – celles de la vitesse, de la volupté, du progrès technique, des avant-gardes – mais aussi le prestige historique dont jouit le surréalisme et l’anathème jeté par Breton contre le roman, a longtemps maintenu dans l’ombre. Au cœur de ce XXe siècle qui commençait véritablement, Émilien...