Un livre

Désherbage

de Sophie G. Lucas

Editions Contre allée

Sophie G. Lucas nous avait amusés l’an dernier avec Assommons les poètes ! (La Contre allée). Profitant de ses pérégrinations d’auteure à rencontres en milieu scolaire, elle livrait au fil des jours réflexions et saynètes sur ce qu’est une vie de poète et ce qu’en perçoivent pédagogues et enfants. Il se trouve que ses visites la mènent aussi en bibliothèque – pardon : en médiathèque. Elle a donc adapté sa méthode au monde de la bibliothéconomie, notant ce qui fait sens dans ce monde bigarré des dévots du livre, parfois moines-soldats de la chose imprimée, parfois sectateurs du tout-numérique, plus fluide paraîtrait-il, au point que se répand une pratique redoutable, ce Désherbage qui signifie que l’on purge les rayons des livres qui ne « sortent » plus chez de nouveaux lecteurs faute de désir… Herbes inutiles à la benne ! – vos impôts avaient permis leur acquisition (pour mémoire). À lire Sophie G. Lucas, on est loin du constat que faisait Frederick Wiseman dans son documentaire Ex Libris à la New York Public Library (2017) où sautait à l’œil le double engagement des personnels et de la direction pour la transmission du savoir. On retient néanmoins ce témoignage d’une expérience partagée par tous les lecteurs : « Et je dois à la bibliothèque publique d’avoir pu maintenir ce goût en me donnant un accès illimité aux livres. J’envie toujours un enfant qui lit, j’imagine ce que cela soulève en lui, en elle. La magie. »
Conclusion : fréquentez vos bibliothèques, empruntez des livres, ce sont deux gestes militants. Et magiques, bien entendu.

Éric Dussert

Désherbage, de Sophie G. Lucas
La Contre allée, 150 pages, 15 €