Si l’on veut accéder à la gloire, voilà un chemin tout tracé, mais risqué : le crime. C’est le sujet de celui qui écrit en prison sur des destinées de criminels, parmi lesquels son oncle Terry. Ce dernier personnage va de pair avec son frère Martin, lui-même père du narrateur. Sans compter qu’ils ont un grand-père donc l’unique action mémorable est d’avoir contribué à construire une prison. Alors, n’est-ce pas, il faut bien la peupler ; et aller y chercher un mentor pour le délinquant en herbe… Toutes ces histoires emboîtées forment un vaste roman picaresque que Steve Tolz mit cinq ans à composer. Mais aussi un roman d’éducation du jeune homme par un paternel déjanté qui abomine l’école et l’y envoie se faire tabasser, avant de lui raconter en guise de livre de chevet sa vie, son périple agité parmi les paquebots et les villes d’Europe. À Paris se nouera une partie de jambes en l’air dont le fruit sera ce Jasper qui règle son compte à son père mort en rédigeant un portrait à charge : « les abats de l’univers », c’est son papa. Ce philosophe tordu aux bonnes intentions catastrophiques jalousa sans l’égaler son frère qui se fit tueur de sportifs corrompus et devint par là une idole nationale avant de réussir à faire croire à sa mort dans l’incendie de la prison. Pas de happy end. Les enfants sont des graines de dingues, les cours de récréations sont « de véritables guerres des gangs ». Les criminels restent des criminels, des héros crapuleux à la Robin des bois, dotant l’Australie de figures charismatiques douteuses qui ont le mérite de rappeler que les premiers colons australiens comptaient parmi eux bagnards et autres prostituées… Ce monde est un bol de haine, une partie d’un tout sans morale. L’écriture de Toltz, dont c’est le premier roman, est généreuse, jamais en peine de péripéties, de caractères et d’aperçus fulgurants. Même si la finalité est peut-être plus le divertissement à grand spectacle que le véritable conte philosophique. À moins que ces peu candides ne dépassent Voltaire par le cynisme…
une partie du tout
de steve toltz
Traduit de l’anglais (Australie) par Jean Léger, Belfond
498 pages, 23 €
Domaine étranger Une partie
février 2009 | Le Matricule des Anges n°100
| par
Thierry Guinhut
Un livre
Une partie
Par
Thierry Guinhut
Le Matricule des Anges n°100
, février 2009.