Un livre

Les Pirates : Une aventure avec les communistes

de Gideon Defoe

Editions Dilettante

Après leur « aventure avec les savants » et « avec les baleines » (Le Dilettante, 2006 et 2007), Gideon Defoe embarque ses « Pirates » de Londres vers Paris sur les eaux tumultueuses des grands débats philosophiques. Pour cause de ressemblance, le capitaine des pirates et Karl Marx se rencontrent dans une prison londonienne. Leur confrontation intellectuelle va servir de prétexte à un enchaînement de situations extravagantes et de réflexions déjantées, version Monty Python, avec parfois une impression de « déjà vu, déjà lu ». Que serait un pirate qui ne se livrerait pas au piratage ? Mais cela ne nuit pas à l’émergence de petits joyaux d’humour décalé comme le sont les notes de bas de page. Ni à l’inventivité pour exprimer la dérision à la sauce Pirates : « Si vous êtes sorti participer à une bataille, cassez un biscuit de mer en deux et donnez une des moitiés à votre copine. Lorsque vous vous reverrez, les deux moitiés se compléteront, comme celles d’une seule et même âme ! Avec un peu de chance, ça devrait la retenir de coucher avec d’autres hommes ». Beau joueur, l’auteur du Capital sera bien obligé de conclure que ce pirate est bien « l’un des plus puissants esprits de son époque ».
La visite de Paris est ahurissante : Folies Bergère, Louvre, musée Grévin et enfin apothéose, l’Opéra où sont réunies les têtes couronnées d’Europe pour un spectacle grandiose : éruption de lave, et apparition d’ours, en présence de Wagner et d’un étrange robot représentant Nietzsche. Un délire où l’image des grandes « figures » est tellement parasitée que tout vole en éclats. Pourquoi ne pas se laisser emporter par ce tourbillon d’absurdités, d’incohérences et d’anachronismes, et se surprendre à éclater de rire ? Ce n’est pas si fréquent.

Les Pirates. Une aventure avec les communistes de Gideon Defoe - Traduit de l’anglais par Thierry Beauchamp, Le Dilettante, 191 pages, 17 €