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Histoire littéraire Une vraie odyssée

février 2007 | Le Matricule des Anges n°80 | par Richard Blin

Bien avant les naufragés de La Méduse, l’histoire maritime a connu d’autres effroyables naufrages, tel celui de la nef portugaise Santiago, en août 1585.

Le Naufrage du Santiago

Difficile d’imaginer ce que pouvait être les déboires, les embûches et les épreuves des voyages maritimes d’autrefois. La durée, les cartes incomplètes que chaque voyage, ou presque, obligeait à modifier, les tempêtes et les pannes de vent, les navires ennemis, le scorbut, les fièvres… Dangers bien réels auxquels il faut ajouter les dangers imaginaires nés de la croyance aux superstitions, ou venus des récits de naufragés ou des images de monstres marins. Aussi, quand le 10 avril 1585, la nef Santiago quitte le port de Lisbonne, il est fort à parier que parmi les quelque 450 passagers et membres d’équipage qu’elle emporte, des soldats, des marchands, des missionnaires, il en est des dizaines et des dizaines qui auraient donné gros pour être déjà à Goa, la capitale des Indes portugaises et le but du voyage. Car pour l’extrême majorité d’entre eux, la vie va bientôt s’arrêter.
C’est au vif de ce drame de l’histoire des navigations que nous plonge Le Naufrage du Santiago. Il réunit la relation qu’en a faite Manuel Godinho Cardoso (et qu’on trouve dans le second tome d’Historia tragico-maritima, un classique des Lettres portugaises et un chef-d’œuvre de la littérature de voyage), et celle d’un des rares rescapés de la catastrophe, le père Jésuite Pedro Martins, dont la lettre est le premier document décrivant le naufrage du Santiago, dans la nuit du 19 août 1585, sur un atoll corallien appelé Baixos da Judia, rebaptisé depuis Bassas da India. Deux récits qui se complètent et ne nous cachent rien des réalités de la vie à bord des saints dont on lance les reliques à la mer au milieu des tempêtes et des prières, comme de ceux qui meurent, « les démunis qui restent cantonnés sur le pont où ils souffrent de la faim, du soleil, de la pluie et de la fraîcheur de la nuit », jusqu’à ce jour où le navire filant toutes voiles dehors et vent en poupe, heurte de plein fouet, et en pleine nuit, une couronne de récifs fantomatiques d’une douzaine de km de diamètre, que le cycle des marées fait surgir et disparaître, un « piège à bateaux idéalement localisé » entre les côtes africaines et Madagascar. Éventré par le milieu, la nef se disloque en trois morceaux sur un banc de corail « tranchant comme des poignards ».
Dans le vacarme des déferlantes, du bois qui éclate, des mâts qui tombent, des blessés qui hurlent, chacun veut se confesser et c’est ainsi que la nuit entière « tous jetèrent par-dessus bord leurs terribles fardeaux, évitant à toutes ces âmes de faire un naufrage plus pitoyable encore que celui de la nef » (P. Martins). Le matin, sous prétexte d’aller en reconnaissance, la plupart des officiers et quelques hommes, embarquent sur l’esquif et désertent promptement l’épave et ses survivants. Chacun alors d’assembler bouts d’épave et pièces de bois pour en faire des radeaux de fortune. D’autres réparent une barque où ne purent embarquer qu’une cinquantaine de personnes, les autres étant « sacrifiées » et impitoyablement rejetées, des marins tranchant même les mains de ceux qui s’accrochaient à la barque. Quelques radeaux suivirent mais seuls deux d’entre eux parvinrent à toucher les côtes de Mozambique, où déjà tenaillés jusqu’à la folie par la soif et la faim, les rescapés durent encore faire face aux attaques des Cafres. Certains groupes furent faits prisonniers avant d’être échangés, après moult vicissitudes, et bien des malheurs, contre du tissu, « les Cafres, comprenant mieux le langage des tissus que celui des paroles chrétiennes ». Une tragédie qui fit moins de 60 survivants et dont la belle collection « Magellane », des éditions Chandeigne, permet de perpétuer le souvenir. Un livre qui, avec une introduction due à Michel L’Hour qui a dirigé, en 1987, une opération archéologique sur le site du naufrage), et avec des cartes d’époque et même des photos satellites, se lit comme un véritable texte littéraire et met à la portée de tous le témoignage d’une tragique aventure humaine.

Le Naufrage
du Santiago

Relations traduites du portugais
par Philippe Billé
et Xavier de Castro
Préface de Michel L’Hour
Éds Chandeigne
192 pages, 23

Une vraie odyssée Par Richard Blin
Le Matricule des Anges n°80 , février 2007.
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