À l’est, du nouveau -voici venu le temps des écrivains roublards, c’est-à-dire des astucieux manieurs de plume bien décidés à encaisser au passage un solide paquet de roubles. Andreï Kourkov satisfait pleinement à cette double définition : son premier livre traduit en français (Le Pingouin, Liana Levi, 2000), roman policier de fort habile facture, lui a valu une notoriété internationale. Le Caméléon semble tout d’abord directement inspiré de son prédécesseur : un banal citoyen ukrainien se trouve embringué dans une intrigue criminelle saupoudrée d’éléments littéraires (des notices nécrologiques dans le premier cas, un mystérieux manuscrit dans le second), ce dont profite l’auteur pour brosser le tableau d’un pays en proie aux affres du post-communisme. Si ce n’est qu’au bout d’une cinquantaine de pages, le récit emprunte la principale faculté de son totem reptilien et à la faveur d’une (très) longue traversée du désert kazakh, n’en finit plus de passer d’un genre à l’autre, du roman d’espionnage au conte oriental, de L’Île au trésor à Un taxi pour Tobrouk, de la parabole initiatique au document journalistique. Entre deux bâillements, le lecteur voit parfois brièvement apparaître le mirage d’un livre, mais revient bien vite de son illusion. Que Kourkov tire à la ligne, en appelle à une philosophie simplette, une fraternité « russo-ukraino-kazakhe » à la guimauve et des procédés textuels d’une confondante naïveté, n’est pas le plus grave. Certaines considérations sur l’esprit national ukrainien (lequel, qu’on se le dise, embaumerait la cannelle et imprègnerait tout endroit du globe où un fils de Kiev laisse tomber son sperme !) inquiètent bien davantage. Attendons une troisi&egra
Le Caméléon
Andreï Kourkov
Traduit du russe par
Christine Zeytounian-Beloüs
Liana Levi
288 pages, 120 FF (18,30 o)
Domaine étranger Kourkov tourne Kazakh
août 2001 | Le Matricule des Anges n°35
| par
Eric Naulleau
Un livre
Kourkov tourne Kazakh
Par
Eric Naulleau
Le Matricule des Anges n°35
, août 2001.