Pourquoi la révolution espagnole a-t-elle été si occultée ? Pourquoi une telle chape de plomb sur les idées générées par ce formidable laboratoire social, libertaire que fut l’Espagne d’avant le coup d’état franquiste ? Que sont devenus les rescapés, combattants, militants anarchistes de la CNT et de la FAI ? Pere Dufour, journaliste parisien, enquête sur la transformation de Barcelone à l’occasion des Jeux Olympiques de 1992. Pour qu’enfin la capitale catalane ne tourne plus le dos à la mer, les quartiers les plus populaires, les quartiers de la mémoire ouvrière sont rasés, les populations déplacées. Barcelone se veut propre et clinquante, un des effets de la modernité et du socio-libéralisme triomphant. « Heureusement qu’on a une municipalité socialiste, ricane-t-il. Toujours les mêmes cons qui trinquent, hombre ! » A travers cette enquête, Pere Dufour fils d’un compagnon de Durruti, le chef anarchiste de la célèbre Colonne de Fer, retrouve son passé dans le carnet de bord de ce père, mort au combat. Jour après jour y sont consignés l’enthousiasme, la révolte, les doutes, le refus de la militarisation. Jour après jour, la figure lumineuse de Durruti s’obscurcit et les accusations de dévoiement de l’idéal révolutionnaire anarchiste, de collusion avec les staliniens se font plus vives.
Ce roman dénonce le rôle de Moscou (manipulations, enlèvements, meurtres, déportations d’anarchistes, de trotskistes, de communistes du POUM, etc.) dans l’échec de la révolution espagnole et son occultation. Ce deuxième ouvrage de Sylvain Fourcassié, quinquagénaire, fonctionnaire au ministère des Affaires étrangères, est un chant d’amour à la ville de Barcelone et à la fraternité anarchiste, écrit avec vivacité, simplicité, générosité.
Les Assassins de Durruti
Sylvain Fourcassié
Verticales
123 pages, 95 FF
Domaine français La gomme de Staline
mai 1999 | Le Matricule des Anges n°26
| par
Dominique Aussenac
Un livre
La gomme de Staline
Par
Dominique Aussenac
Le Matricule des Anges n°26
, mai 1999.