RUBRIQUE Entretiens
Les articles
Une colline nommée désir
Quarante-cinq ans d’écriture d’une colline ardéchoise, La Face nord de Juliau touche à sa fin. Grand projet, unique, cézannien, organique, de Nicolas Pesquès, par quoi c’est la relation de l’homme au langage et au réel qui y est scruté, interrogé.
Ouvrons le premier volume de La Face nord de Juliau (1988), son incipit : « Face à l’inconnu, à ce qui toujours résiste et reste à dire, le désir vient du harcèlement et de l’obstination… du retour entêté, d’assaut en assaut, vers cela : l’inépuisable… » Les mots de désir, d’inachevable, ceux de ressassement, l’élan qui voudrait endurer la recherche d’une relation, on pourrait aussi les trouver dans toutes leurs variations au sein des 19 volumes de l’entreprise, discrète mais sûre, de ce gigantesque chantier qu’est La Face nord de Juliau. Faisons un saut, dans les huit, neuf, dixième face...
Le long du golfe clair
Un été italien, un narrateur délicatement nostalgique, une femme à suivre : Sébastien Berlendis nous fait son cinéma. Moteur !
Le Rolleiflex autour du cou », le narrateur de Lungomare pourrait bien être le double littéraire de Sébastien Berlendis qui s’emploie lui aussi à « écrire, filmer le roman de la plage ». Et à raconter ses parents à l’époque de leur jeunesse. Le décor de ce jeu de miroirs ? L’Italie, la patrie de cœur du Lyonnais, prof de philo, qui outre l’écriture pratique aussi la photographie et depuis peu...
Des livres
Syrie, l’invention de la guerre
de
Frank Smith
Gps 12 guerillas poetiques
de
Franck & Cazie Smith
Inséparables restes
Depuis les années 1990, Frank Smith travaille à l’élaboration de livres dont les matériaux sont les prélèvements de rapports liés aux guerres, aux désastres climatiques, interrogeant la transformation des espaces et la violence des capitalismes mondiaux.
Il faut le dire, s’engager dans la lecture des livres de Frank Smith commotionne, tant le montage, quasi littéral, en bribes arrachées à l’horreur et à ce que subissent les populations civiles lors de conflits de territoire, ou de ravages liés aux mépris de l’inexorable réchauffement climatique vous arrache à vous-mêmes et au confort parfois insidieux de la lecture. On ne peut pas ne pas...
Trois et une nuits
La nuit est le pensable par excellence – du « voir », du non-dit mais à dire. Un bel essai de Jean-Baptiste Brenet, et qui fait phosphorer.
Dans un chapitre de Que veut dire penser (Rivages, 2022), « Penser comme on voit la nuit », Jean-Baptiste Brenet parlait de l’affaire de la pensée comme « ce qu’il est possible de dire, mais n’est pas dit ». Du nocturne ô combien visible, qui a sa lumière propre. Dans Demain, la veille, le philosophe se remet sur ce chantier : Ibn Tufayl, Averroès, Thomas d’Aquin, Aristote dont Arabes comme...
Un livre
Au bon vieux temps de Dieu
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de
Sebastian Barry
Déni d’innocence
Pour son onzième roman, l’irlandais Sebastian Barry enquête autour d’un vieux policier sur fond de pratiques pédophiles institutionnelles. Fantomatique, mélancolique, sidérant.
Comme un saumon, Sebastian Barry aime à remonter les mémoires jusqu’à leurs sources, mêlant sa propre histoire familiale aux événements de ce monde, pour y révéler de terribles secrets enfouis. Possédant des talents de conteur hors pair, le natif de Dublin, en 1955, érige des récits cathédrales, aux constructions complexes faites d’incessants allers et retours dans l’espace et le temps (les...