RUBRIQUE Entretiens
Les articles
Une odyssée française
Roman bâti sur une mémoire familiale, le seizième livre de Gilles Moraton rend hommage aux combattants de la justice sociale. Aux rêveurs donc.
Paco est seul. Survivant d’un bombardement qui a tué ses copains de régiment et envoyé balader toute idée même de riposte. Face aux nazis, la guerre vient de commencer qu’elle est déjà perdue. Il décide de rentrer chez lui, dans le Minervois, tel un Ulysse après une guerre de Troie perdue qui tenterait de rejoindre sa Pénélope qui ici s’appelle Margot. Paco n’est pas un lâche : le combat il connaît. Il était de la guerre d’Espagne, du côté déjà des perdants, il fut d’une révolte viticole à Paraza où le domaine tenu par le « Baron » et sa « Baronne » offre des « plafonds à quatre mètres,...
Un auteur
Aux noms des siens
Les textes qui composent le nouveau livre de Patrice Robin, constituent, plus qu’un portrait de l’auteur, celui d’une classe sociale à laquelle il est rarement accordé un peu de reconnaissance.
Si Le Visage tout bleu débute avec le récit de la naissance difficile de son auteur, c’est sans exhibitionnisme que Patrice Robin l’a écrit. Bien au contraire. « Naissance » pose ainsi le lieu d’où l’écrivain nous parle. Venu le cou étranglé par le cordon ombilical, l’enfant survivra grâce à l’oxygène de la forge de son oncle. On naît parfois le visage d’un bleu provoqué par l’asphyxie et...
S’ouvrir à tous les possibles
En rassemblant sept années de publications éparses, l’anthologie de la jeune Laura Vazquez vient confirmer l’émergence d’une voix poétique inouïe et puissante.
Ce sont des poèmes publiés en revues (Organisation de la chute, Par ici la sortie !, Sabir, Sunset RS, etc.) chez ses premiers éditeurs (Derrière la salle de bains, Plaine page, Cheyne) ou issus de commandes auxquelles Laura Vazquez, 36 ans, a répondu. Son premier roman La Semaine perpétuelle (éditions du Sous-sol) paru l’an dernier avait révélé à un plus grand nombre de lecteurs la...
Cape d’invisibilité
En une mosaïque psychédélique et métaphysique, le Costa-Ricain Carlos Fonseca s’ingénie à brouiller nos sens. Dru, prégnant, extrêmement subtil.
Dissocier le fond de la forme convoque aux portes de la perception, nécessite une acuité singulière, presque un changement d’état pour accéder à une vérité, au réel, au cœur même du mystère. La Psychologie de la forme ou « gestaltpsychologie (…) met l’accent sur les ressemblances structurales entre les formes perçues globalement et les ensembles moteurs considérés également comme totalités »...
Un auteur
Barcelone, de câpre et d’épée
Dans un roman de grandeur et de décadence, Miqui Otero nous raconte les quarante dernières années de la capitale catalane. Polyphonique, luxuriant et émouvant.
Les villes comme les romans sont composés de strates, d’accumulations, de précipités de vies, de gestes héroïques et triviaux, de tumultes et de silences, de soumissions et de révoltes… Des palimpsestes étonnants. Les écrivains qui élaborent le grand roman d’une ville effacent souvent une dette contractée envers elle et ce dès l’enfance, tant les cités sont matricielles. Barcelone ne se...