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Poésie Dédoubler le monde

février 2024 | Le Matricule des Anges n°250 | par Flora Moricet

Un jeu de miroirs entre ce que peut le poème et ce qu’il faudrait faire pour le pousser à décupler une vie, par Gabriel Gauthier.

On l’avait repéré à la parution de Speed, un texte sorti du cosmos, étrange et fulgurant (Vies parallèles, 2020). Gabriel Gauthier, diplômé des beaux-arts, co-auteur de performances et de spectacles de danse, semble se déployer désormais principalement dans l’écriture et c’est une bonne nouvelle. Reparaît un texte en vers écrit en 2016, Simurgh & Simorgh, suivi d’un inédit, Contra, une sorte de programme d’écriture, de poésie, de vie.
Dans le premier versant, on retrouve sous une forme brève des mots posés comme des éclats sur les animaux, les choses, les couleurs et l’absence. Sur la page de droite : « Un chien / en personne / un oiseau / de même », à gauche : une traduction anglaise inversée formant un dialogue presque cocasse « fait d’à-peu-près, de faux amis, ni gazouillis ni aboiements (…) entre oracle et balbutiement », écrivait le regretté poète Pierre Alferi, en quatrième de couverture. Certaines associations électrisent : « camping / dans le désastre / bleu / comme un dancing ». On entre et on « sort du panorama » furtif comme une comète avant de ralentir sa course et de s’installer dans l’antichambre de l’auteur.
Ouvrant un véritable programme poétique, Contra donne le ton  : « il n’y a aucun doute sur le fait que nous devons écrire de plus en plus de petits livres ». Assertif, le poète projette un langage qui brillerait, « facile comme l’argent. Comme l’argent qui rend les choses plus faciles, je veux me servir d’un langage qui s’échange facilement », explique-t-il. Contra serait « un palais, une suite d’objets et de situations » qui n’embellirait pas forcément notre réel mais le dédoublerait : « je pense qu’un poème forme un double du monde au cas où le monde n’existe pas, et que j’ai commencé à écrire des poèmes qui enregistrent le double d’événements, au cas où ceux-ci ne m’arriveraient pas ». Écrire le mot « tresse » ou « imaginer que quelqu’un coupe ses tresses, il fait chaud dehors, je m’imagine une piscine, une piscine quand l’air est plus frais (…), une piscine rétro-éclairée », ce poème-à-écrire poursuivi plan par plan (« j’ajoute maintenant dans le poème une autre personne qui ne se baigne pas et regarde cette scène » etc.), tout ce petit manège devient gage d’apparition. Une amie avec qui il a rendez-vous en dehors d’un poème porte pour la première fois des tresses… Il faudrait donc « faire comploter les objets » pour en faire apparaître de nouveaux et nommer une chose et puis une autre pour en « représenter d’autres ». Mais il n’est pas dupe de son ambition de départ celui qui s’exclame « oh nous sommes plus petits que nous ».
Une résignation finale pleine de promesses et de dédoublements que reflète le vers de Jonas Fortier, poète québécois né lui aussi en 1992 : « nous sommes si petits que les fragments nous ressemblent » (Courbure de la terre, L’Oie de Cravan, 2022). 

Flora Moricet

Simurgh & Simorgh + Contra
Gabriel Gauthier
Théâtre Typographique, 100 pages, 14

Dédoubler le monde Par Flora Moricet
Le Matricule des Anges n°250 , février 2024.
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