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Domaine étranger Tuer les affreux

mai 2016 | Le Matricule des Anges n°173 | par Eric Bonnargent

Considéré en Argentine comme un livre culte, ce roman noir explore les plus sombres méandres de l’âme humaine.

Tout commence dans un luxueux appartement du centre de Buenos Aires : deux prostituées et un travesti rejoignent un juge, un banquier et un sénateur. Aidés par des flots d’alcool et des montagnes de cocaïne, les protagonistes s’en donnent à cœur joie jusqu’à ce qu’une prostituée fasse un arrêt cardiaque en pleine fellation. Épaulé par l’Oiseau Bustos, un compère dealer pédophile à tendances nécrophiles, le Tucumano, l’organisateur de la soirée, un maquereau sans états d’âme, se charge de rassurer les notables, de tuer les témoins et de faire disparaître leurs corps : « Ils tranchèrent les cadavres à la hache et à la machette. Le Tucumano se chargea de broyer les crânes à la masse jusqu’à ce qu’ils soient bien mous et aplatis comme de la pâte à tourte pascaline. Régulièrement, l’Oiseau suspendait son travail à la hache pour faire glisser le sang jusqu’à la grille d’égout avec un balai raclette. Il leur fallut presque deux heures pour réduire les corps à des restes méconnaissables de sang, de chair, d’os et de viscères. Quatre sacs-poubelles bien attachés furent suffisants pour les transporter jusqu’à leur destination finale. » Et cette destination finale ne sera rien d’autre qu’un élevage clandestin de cochons… On le comprend tout de suite : l’ultra-violence est au cœur de ce roman dont les multiples intrigues tournent autour d’un problème : la petite partouze a été filmée et l’enregistrement a disparu, suscitant la convoitise de nombreux maîtres chanteurs. Germán Maggiori nous entraîne alors dans les bas-fonds de la capitale argentine en brisant sans ménagement les images d’Épinal : le tango et le maté ont été remplacés par le rap et le Fernet-Branca et on se demande si, pour continuer à vivre, les personnages n’ont pas plus besoin de cocaïne que d’oxygène. En alternant les narrations à la première et à la troisième personne, Maggiori nous fait découvrir une faune immonde constituée de travestis, de junkies, de dealers, de politiciens corrompus, d’indics et de tueurs en tout genre, tous plus effrayants les uns que les autres.
Paradoxalement, les personnages les plus cruels sont les flics chargés de retrouver l’enregistrement qui passe de main en main : le Timbré, un ex-tortionnaire spécialisé dans le meurtre et le viol d’homosexuels et de prostituées, qui, pour ne pas se laisser détruire par ses cauchemars, pour résister à ses envies de tuer « tous ces camés, ces négros, ces pédés, les éliminer un par un pour ne plus avoir à penser à eux, pour ne plus souffrir d’insomnie et recouvrer la raison, une bonne fois pour toutes » récite par cœur tous les articles du Code de procédure et le Monstre, une brute épaisse, au visage à moitié brûlé par un chalumeau, « comme s’il l’avait rasée à la tronçonneuse. » Quant à leur chef, le Boucher, il s’occupe essentiellement d’organiser le réseau de revente de cocaïne grâce auquel le commissariat se finance. Comme pour souligner l’inhumanité de ses personnages, Maggiori les affuble tous de surnom, souvent issus du monde animal. Le Timbré et le Monstre, d’ailleurs, sont de véritables bêtes qui, dans la guerre des polices qui fait rage, ne se fient jamais à leur raisonnement, mais à leurs instincts, qui, tels des chiens enragés, bavent sans cesse et reniflent leurs pistes. Les deux hommes n’ont aucune conscience morale et c’est habités par la haine qu’ils torturent leurs suspects et n’hésitent pas à assassiner leurs collègues trop gênants. Dans un monde rongé par la violence, la corruption et le vice, une rédemption est-elle possible ? Rien n’est moins sûr…
Entre hommes est un roman noir, très noir, un roman qui va à cent à l’heure, un roman que le lecteur ne pourra pas lâcher : une plongée hypnotique dans les égouts de l’âme humaine.
Éric Bonnargent

Entre hommes
De GermÁn Maggiori
Traduit de l’espagnol (Argentine) par Nelly
Guicherd, La Dernière Goutte, 372 pages, 20

Tuer les affreux Par Eric Bonnargent
Le Matricule des Anges n°173 , mai 2016.
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