La première rencontre entre le traducteur Henry Bold et Simon fait irrésistiblement penser à une scène de polar, avec tête-à-tête entre le héros et le Méchant. Grâce au vieil homme, Simon va mettre du relief dans une existence plutôt plate : il gagne sa vie notamment en donnant des cours particuliers (hilarante scène entre le jeune professeur et les parents d’un élève) mais rêve de devenir écrivain. Il est fasciné par cet homme de lettres, qui, enfant, a croisé Joyce et se montre capable de « buter sur deux répliques » pendant des heures - comment traduire le plus justement « are you taking the piss of me » ! Bold jongle avec les mots et les registres de langue, dans une forme obsessionnelle et étourdissante de jeu avec le verbe… et convie Simon à de féroces parties de boggle. Écrit dans un style décontracté - relâché même par endroits - le récit amuse, maniant la parodie et le clin d’œil. Les personnages - le vieux traducteur en tête, avec ses originalités, ses zones d’ombre - cabotinent un peu… Mais progressivement, à travers l’histoire familiale de Simon surtout, le texte acquiert davantage de densité. Et derrière le cinoche, c’est la vraie vie qui se profile.
LE LABYRINTHE
DU TRADUCTEUR
d’OLIVIER BALAZUC
Les Belles lettres/Archimbaud, 174 pages, 17 €
Domaine français Le labyrinthe
avril 2010 | Le Matricule des Anges n°112
| par
Delphine Descaves
Un livre
Le labyrinthe
Par
Delphine Descaves
Le Matricule des Anges n°112
, avril 2010.