Fadéla Hebbadj suit l’errance urbaine d’une immigrée clandestine malienne, accompagnée par son fils, malmenée dans une France qui n’est plus terre d’accueil. Pour rejoindre Marseille, Mama a dû payer trois années de son salaire à des passeurs espagnols. Violée pendant la traversée sur une barque de fortune par des candidats à l’émigration, malade de la tuberculose, elle espère être soignée en France. C’est son fils, qui raconte cette solitude et la vie des sans-papiers sans travail : « Ce que je sais, c’est que Mama avait perdu le courage de tout ». C’est lui l’avenir, lui encore qui croit pouvoir s’en sortir, du haut de ces 10 ans. Dans un style faussement enfantin, et sans misérabilisme, Fadéla Hebbadj décrit une réalité qui peut sembler sans issue : « J’ai ressenti le début du grand vide, (…) qui laisse des cicatrices pour toujours ». Pour survivre, reste l’autodérision : « Pendant tout ce temps, je vivais de journaux et de boîtes de conserve que je volais chez ED. C’est pas cher ED. Je sais, je payais rien, mais c’est pas cher quand même ». Et surtout, la volonté de trouver sa place dans une culture différente où les « gens vont et viennent comme des imbéciles à qui on a retiré un cœur ».
L’ARBRE D’ÉBÈNE
dE FADÉLA HEBBADJ
Buchet-Chastel, 172 pages, 14 €
Domaine français L’arbre d’ébène
octobre 2008 | Le Matricule des Anges n°97
| par
Franck Mannoni
Un livre
L’arbre d’ébène
Par
Franck Mannoni
Le Matricule des Anges n°97
, octobre 2008.