L’héroïne se nomme Pologne, douloureuse, isolée et menacée par l’URSS, en 1981. Elle apparaît à travers la vie d’une bande de copains en terminale, chacun situé dans un contexte destiné à le dessin démonstratif se fait parfois pesant présenter la diversité des situations sociales. Aristo d’extraction noble, objet de l’acharnement d’un prof fielleux, Piotr à qui sa mère envoie des dollars depuis un exil volontaire en Amérique, Ino fils d’une artiste engagée dans l’opposition, Karol dont la mère est insomniaque et hystérique… Ce n’est pas à une intrigue que tient le roman, mais à la volonté de saisir une tranche de vie des jeunes en cette période de dégel où « les communistes avaient cessé de faire peur à qui que ce soit », le peuple avait cru en un dialogue avec le régime, tandis que tombait le coup de massue sous forme de l’état de guerre. Les réunions de Solidarnosc, la révolte contre les méthodes d’enseignement totalitaires, le rejet de matières endoctrinantes, la fascination pour le rock et les babas-cool tout apparut comme un rêve naïf brutalement interrompu. Les amis impriment des tracts, montent des actions, conspirent la peur au ventre devant la bestialité des milices. Inno est battu à mort. Aristo, terrorisé, sombre dans la maladie psychique. Karol tente ou feint de tenter un suicide. Le tout dans des vapeurs d’alcool, maladie grave de la société. Si les personnages semblent peu consistants et les événements peu nécessaires, si l’écriture est trop appuyée et la traduction rapide, le livre permet, à un lecteur français ignorant et oublieux, de savoir.
Quoi qu’il arrive de Dawid Bienkowski
Ttraduit du polonais par Olivier Gautreau
Éditions Laurence Teper, 373 pages, 23 €
Domaine étranger Nulle part, c’est-à-dire…
septembre 2006 | Le Matricule des Anges n°76
| par
Marta Krol
Un livre
Nulle part, c’est-à-dire…
Par
Marta Krol
Le Matricule des Anges n°76
, septembre 2006.