Ce n’est pas chose rare, au moment de l’adolescence, de voir des jeunes commencer à tenir un journal où ils noteront leur quotidien, leurs humeurs, et plus particulièrement les jeunes filles. Cela est bien souvent sans grande valeur littéraire, dans le cas de Miriam Silesu il en est tout autrement. La qualité et la lucidité de son auteur sont flagrantes et peuvent même faire froid dans le dos. Ce texte qui aurait pu être une promesse de livre à venir, est en fait un achèvement, car Miriam Silesu a rencontré la mort dans la force de sa jeunesse. Cette rencontre était sans doute programmée, tant la présence de la faucheuse était grande au sein de ses mots, on aurait même pu parler d’obsession. Elle voulait l’étudier, la comprendre : « Désirer mourir n’est pas le désir d’être mort, et si l’un conduit parfois à l’autre c’est dans une sorte de malentendu. Vivant on pense la mort en mouvement, et c’est à ce mouvement au fond que l’on désire adhérer ». Miriam a connu un destin tragique pour avoir tenté de faire de la Mort une compagne trop fidèle. Elle avait seulement 23 ans et avait des projets de publications et de création de revue. Des petites proses poétiques et des aphorismes composent l’ouvrage et abordent les thèmes du corps, de l’amour, de la douleur, du désir : « L’homme cherche une légende à son désir, et voudrait lire une histoire d’amour dans son sang, mais le désir est illisible, et personne ne connaît son histoire ». Tout au long de sa courte existence, elle n’aura cessé d’interroger le monde. De cette brièveté, elle n’a retenu que l’essentiel. « Une telle maturité dans tant de jeunesse s’offre au lecteur comme une rencontre spirituelle singulièrement impressionnante », écrit en préface Claude Louis-Combet (celle-ci est encadrée par deux extraits du manuscrit). Comme l’a voulu Miriam Silesu dans le choix de son titre Cinéraire, qui fait écho à l’union du cinéma et du funéraire, la Mort est vécue comme l’ultime spectacle de la Vie. Ce livre, publié dans la collection "Terre de p
Cinéraire
Miriam Silesu
Lettres Vives
64 pages, 12,96 €
Poésie La mort aux trousses
septembre 2002 | Le Matricule des Anges n°40
| par
Stéphane Branger
Un livre
La mort aux trousses
Par
Stéphane Branger
Le Matricule des Anges n°40
, septembre 2002.