Grâce au taste-langue Pierre Maunoury Joinul qui aime à dérailler, la littérature s’est enrichie en 1975 d’une bizarrerie balbutiante : Mézavi (Oswald ; Cheval d’attaque, 1979). Pur fruit du baby-boom, ce « conte cosmique traduit du babil » est le premier livre écrit en langue bébé, un sabir proche de celui de La Disparition de Perec. Il débute en langue commune ainsi : « Mes mes avis, dit Poitrol en naissant, c’est que cet accoucheur a une tête d’im-bé-ci-le ! Ceci émit, il rebroussa chemin. » Pour alimenter son bagout, Joinul avait lancé une poupée mécanique Baby-Trott sur 2.222 fiches répandues sur le sol et enrichies d’un mot tautosyllabique ou comportant deux fois la lettre B… Le résultat est une surprenante histoire dans un français à biberonner. Le grand agitateur d’idées Jean Dubuffet qui illustrera la couverture du bouquin en resta « baba ». Il le dit lui-même dans les lettres inédites à Joinul publiées au bout de l’ouvrage. Et Joinul d’ajouter : « Illettrés de n’importe quel bord, timides des mots, prenez votre revanche (…) Babebibobu ! »
Mézavi
Pierre Joinul
Baudoin Lebon éditeur
(38, rue Ste-Croix-de-la-Bretonnerie 75004 Paris)
175 pages, 22 €
Domaine français Mézavi
septembre 2002 | Le Matricule des Anges n°40
| par
Éric Dussert
Un livre
Mézavi
Par
Éric Dussert
Le Matricule des Anges n°40
, septembre 2002.