On a beau vouloir faire doux, l’écriture ça crispe le mou". La voix est aiguisée, morceau sonore sorti du ventre, tendue dans l’espace, entre rétention au niveau des amygdales et violence jetée à la face des auditeurs. Ça va vite parfois dans les glissements sémantiques, les allitérations osées, mais ça passe impec sans accroc. Christian Prigent travaille depuis près de vingt ans l’oralité de ses textes (de l’écriture à l’émission). La main scande la prosodie, le pied enfonce comme un marteau le rythme (on l’entend sur les enregistrements). La langue inventée et émise colle au corps, ou plutôt aux corps, tant ceux des spectateurs-auditeurs en reçoivent et l’onde et le sens. Dernier enregistrement : L’Écriture, ça crispe le mou (livre et CD chez Alfil, 95 FF -cf. MdA N°21). Si le Prigent on tour (boutade) passe près de chez vous, vous savez quoi faire.