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Domaine étranger Je vous salue, MDMA

août 1999 | Le Matricule des Anges n°27 | par Nathalie Dalain

Auteur du déjanté Trainspotting, Irvine Welsh revient avec un cocktail Molotov à base d’humour grinçant et de petites pilules roses. Explosif.

Avec Ecstasy, Irvine Welsh malmène à nouveau les conventions, distillant ses effluves hallucinogènes au cœur de la littérature anglaise. Recueil de « Trois contes d’amour chimiques », Ecstasy est un ouvrage inclassable. S’y mêlent avec extravagance une frénésie stylistique débordante de trouvailles et un imaginaire délirant.
Le point commun entre ces trois histoires à divaguer debout est, évidement, l’ecstasy. Drogue aux vertus euphorisantes concoctée à partir de molécules de MDMA, dont la consommation est très répandue dans les clubs branchés et autres rave-parties. Permettant l’accès à des états de transes en se trémoussant sur de la jungle, l’ecstasy est très usité par les jeunes en général, et les personnages de Welsh en particulier. À cette seule différence que l’absorption de MDMA provoque chez ces derniers des révélations existentielles aussi surprenantes qu’indubitables. Une jeune infirmière transforme la Barbara Cartland de service en pornographe rancunière, un adolescent hooligan prête main forte à une organisation internationale de terroristes manchots assoiffés de vengeance, et une épouse désœuvrée rencontre le grand amour avec un dealer sous acide.
Chacun de ces trois récits possède sa propre originalité structurale. Irvine Welsh y déploie une incroyable inventivité, son écriture s’essayant à tous les genres. Ainsi accumule-t-il dans son ouvrage parodies de romans à l’eau de rose, pastiches érotiques portés sur la fornication caprine, dialogues avinés, monologues LSDifiés, chassés croisés sentimentaux, ou encore intrigue policière. Si tous ces styles narratifs ou thématiques se mêlent avec autant de brio, c’est que l’auteur sait agencer rigoureusement ce delirium tremens. Chaque récit est divisé en courts chapitres, laissant apparaître rythmiquement un des protagonistes ou un événement de l’intrigue, tour à tour. De sorte que les ruptures de tons sont cadencées, à l’instar des points de vue. De ce fait, les histoires apparaissent morcelées, puis le puzzle se construit peu à peu, tenant le lecteur en haleine. Ce qui est le plus notable dans l’écriture d’Irvine Welsh, c’est qu’elle rend compte des effets des drogues traitées de façon discursive. Au sens où le discours des personnages est élaboré en tenant compte des distorsions, des analogies absconses, des hachures, et de l’extrême rapidité avec laquelle les connections surgissent dans la pensée. « Non non non, pense à un paysage style jardin d’Eden, avec plein de nanas canons qui se prélassent dans tous les coins (…) mais c’est les visages, putain j’arrive pas à distinguer les visages, et si ces ordures des laboratoires de recherche décidaient de filer du LSD aux dauphins ? » Mais derrière ce cirque bringuebalant, l’auteur brosse surtout le portrait d’un pays en proie au « blues urbain ». L’ecstasy y paraît comme une délivrance temporelle et nocturne pour ceux qui redoutent de se dissoudre dans le système. « Toute la joie d’aimer ce qui est bon était en lui, même s’il voyait bien tout ce qui n’allait pas en Grande-Bretagne (…) pour y échapper il fallait faire la fête, plus fort que jamais ». L’ecstasy est le déclencheur d’une rédemption, pour tous ceux que l’amour avait désertés. À l’image de Trainspotting, Ecstasy n’est pas une apologie de la drogue. Mais la critique acerbe d’une société malade, où l’individualisme confine tant à l’incommunicabilité que les hommes ont perdu l’aptitude à aimer.

Ecstasy
Irvine Welsh

Traduit de l’anglais
par Alain Defossé
Éditions de l’Olivier
341 pages, 110 FF

Je vous salue, MDMA Par Nathalie Dalain
Le Matricule des Anges n°27 , août 1999.
LMDA PDF n°27
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