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Domaine étranger Des hommes tout mous

novembre 1997 | Le Matricule des Anges n°21 | par Maïa Bouteillet

La Mystérieuse Affaire de l’impasse Zaafarâni

Dans le sillage de Mahfouz, l’écrivain égyptien Gamal Ghitany croque les habitants du vieux Caire en savoureux portraits. Sous le couvert de la farce pointe la satire sociale.
Les femmes de Zaafarâni sont au comble du désespoir. Dans cette impasse populaire du vieux Caire, une malédiction frappe soudain tous les hommes et les prive de leur puissance sexuelle. A l’origine du mal, un mystérieux cheikh annonciateur de l’ordre nouveau, résolu à étendre son pouvoir sur le reste du monde. Tout mâle qui pénétrera à Zaafarâni ou s’avisera d’avoir des rapports avec une riveraine sera aussitôt envoûté.
Au fil des décrets les plus farfelus, le cheikh Atteya tient bientôt tout le petit monde de l’impasse sous sa coupe, affolant les pouvoirs publics et les médias. La paix des ménages brisée, c’est la ruelle tout entière qui s’enflamme pour les querelles les plus ridicules. La rancoeur et le soupçon se répandent comme une traînée de poudre. Et les femmes, de plus en plus agitées, n’ont de cesse de démasquer le seul qui, aux dires du mystique, aurait été épargné. Osta Abdou le taxi, Takarli le proxénète, Tête-de-Radis le riche commerçant marié à la trop jeune et trop belle Farîda, Hassan Anwar le fonctionnaire envieux, le séduisant Atef ou le misérable Oweiss, débarqué à pied de son village du Saïd, sont désormais soumis à la même honte. Dès lors, Oumm Soheir, sett Bothaïna et les commères tiennent la dragée haute aux hommes, dont la supériorité ne tenait finalement que par leur virilité.Cette évocation extrêmement vivante et bigarée fait forcément penser à l’ « Impasse des deux palais » de Naguib Mahfouz. Comme son illustre prédécesseur - dont il s’est d’ailleurs fait l’interprète (Mahfouz par Mahfouz, entretiens avec Gamal Ghitany, Sindbad 1991), Gamal Ghitany prélève un échantillon dans le monde clos d’une ruelle populaire pour nous donner à entendre les voix multiples du Caire des années 70. Il a une trentaine d’années seulement quand paraît son roman. L’Egypte vient de perdre son homme fort Nasser et connaît, avec Sadate, un brutal tournant capitaliste. Les inégalités se creusent et les profonds bouleversements profitent aux extrêmistes religieux de tous poils. Journaliste et romancier (deux autres titres en français sont édités au Seuil), régulièrement inquiété par le pouvoir, Ghitany souligne, derrière la farce, les travers et les contradictions de l’époque, avec une subtile et parfois féroce ironie.Moins poète sans doute que Mahfouz, il s’affranchit de la structure traditionnel du roman en mêlant différents niveaux de langues et registres d’écritures. Faux rapports de police, dépêches d’agence farfelues, « annotations du responsable de la répression des idées », « top secret », « informations devant fournir la matière à une enquête journalistique », ou extraits de memorandums croisés avec des presque jamais se rebeller.Ces Scènes de rue ubuesques, produisent un ensemble baroque en constante rupture de styles. Mais derrière le comique et l’originalité du procédé narratif, Ghitany dévoile une société sévèrement quadrillée, où l’individu refoulé pèse de peu de poids face à la collectivité et se trouve finalement dépossédé de son propre destin sans

La Mystérieuse affaire de l’impasse ZaafarâniGamal GhitanyTraduit de l’arabe par Khaled Osman
Sindbad Actes Sud402 pages, 158 FF

Des hommes tout mous Par Maïa Bouteillet
Le Matricule des Anges n°21 , novembre 1997.
LMDA PDF n°21
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