Il faut lire Raphaële George, et surtout vivre les pages incandescentes de son premier livre, Le Petit Vélo beige, publié en 1977 à L’Athanor, réédité depuis chez Lettres Vives et préfacé par Jean-Louis Giovannoni. Peintre, elle choisit d’écrire sous le nom de Raphaële George ce qu’elle portait de trop de poids, comme rendue à jamais à la grande épreuve d’être sur terre, jusqu’à ce point de fatigue où enfin se trouveraient du calme et du repos, de quoi respirer. C’est à cela que Raphaële George n’a cessé de revenir, dans les poèmes d’Éloge de la fatigue, dans Psaume du silence et par dessus tout dans les proses du Petit Vélo beige. A ça : « Je n’ai pas eu de mains. Je n’ai pas eu de sexe. Je suis arrivée comme une ventouse du mois d’avril. Mon nom, c’était Raphaël. Au premier cri j’ai eu du goudron dans la bouche. Ma langue n’a fait qu’un tour, je me suis déglutie moi-même », en trois livres, jusqu’au bout, jusqu’au fond noir de l’être où un pas l’emporte sur l’autre, tragiquement emportée le 30 avril 1985. « Avec la chair vibrante et meurtrie qui la porte » (Pierre Bettencourt) Raphaële George écrivit pour chercher le centre calme au milieu de la tornade, sans parade et sans pose, de front. Inoubliable.
Éloge de la fatigue, 80 pages, 84 FF
Psaume du silence, 64 pages, 59 FF
Le Petit Vélo beige, 65 pages, 75 FF
Poésie Terrifiante Raphaële George
février 1996 | Le Matricule des Anges n°15
Des livres
Terrifiante Raphaële George
Le Matricule des Anges n°15
, février 1996.