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Histoire littéraire Le vit et les nonnes

novembre 1995 | Le Matricule des Anges n°14 | par Thierry Guichard

La Vie des nonnes

D’une belle facture, les livres de la nouvelle collection des éditions Allia sont en eux-mêmes des objets de plaisir. La Vie des nonnes de Pierre Arétin (1492-1556), tirée de ses sulfureux Ragionamenti, trouve donc un plumage digne de son ramage. Très profondément érotique, voire pornographique, La Vie des nonnes se présente sous la forme d’un dialogue entre Antonia et Nanna. Cette dernière ayant été tour à tour religieuse, mariée et courtisane, elle est sommée de dire à sa compagne quel état paraît le plus enviable. Nanna se remémore d’abord sa vie de nonne lors de laquelle elle fut dépucelée par un bachelier qui planta « deux fois l’étendard dans le donjon et une fois dans le fossé ». A l’entendre, le couvent est une maison close, où le voyeurisme est élevé au rang de prière. On fornique à tout va dans les cellules des nonnes où le regard est invité à pénétrer par d’innombrables fentes.
Outre la charge virulente de l’Arétin, on retiendra surtout de ce texte la formidable puissance d’une langue où l’érotisme se niche dans ses recoins obscurs et métaphoriques. Ainsi, comprendra-t-on ce que l’on voudra lorsque Nanna voit « la prudente mère supérieure » en compagnie d’un visiteur « prendre les choses du bon côté ». Nanna, au couvent, fait son apprentissage et remarque qu’ « il est moins difficile d’apprendre à jouer des mains avec les gobelets, que l’art de caresser l’oiseau si gentiment qu’il se dresse sur ses pattes, quand même il ne le voudrait pas. »
De même un confesseur est surpris retirant « le bouchon de la bouteille » et voulant « à toute force le mettre dans le pot à civette ». On n’en finirait pas de relever toutes les inventions de cet auteur autodidacte, à propos duquel l’histoire littéraire retient le fait que de nombreuses et très belles femmes fréquentaient la demeure vénitienne. Heureux inventeur d’une langue puissante et imagée qui trouva au XVIe siècle, une protection qu’on serait loin de lui accorder aujourd’hui.

La Vie des nonnes
Pierre Arétin

traduit par Alcide Bonneau (1882)
Allia
106 pages, 40 FF

Le vit et les nonnes Par Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°14 , novembre 1995.
LMDA PDF n°14
4,00