Paru une première fois en français il y a onze ans (à l’Atelier du Gué), ce recueil de nouvelles révèle l’univers déshumanisé d’un auteur catalan qui manie la plume comme on jonglerait avec des équations mathématiques. Les personnages, vidés de toute psychologie, obéissent à la logique d’une destinée qui leur échappe et dont ils sont les pauvres pions. D’un ordinaire banal (allumer un chauffe-eau, aller à un rendez-vous), Quim Monzó nous conduit en quelques courtes pages à une folie glacée, violente, paranoïaque. Construites dans un souci d’efficacité, ses nouvelles frappent comme des théorèmes. Le style compte peu, c’est la structure, la construction architecturale du récit qui fait la force de cette écriture où s’entendent parfois les voix fantômes de Kafka et Borges.
Le Serpent à plumes
traduit du catalan
par Patrick Gifreu
184 pages, 35 FF
Domaine étranger ... Olivetti, Moulinex, Chaffoteaux et Maury
décembre 1994 | Le Matricule des Anges n°10
Un livre
... Olivetti, Moulinex, Chaffoteaux et Maury
Le Matricule des Anges n°10
, décembre 1994.