Existait-il une véritable littérature mexicaine avant José Agustin ? La question reste posée tant la parution de deux romans en 1966 chamboula tout.
L’auteur : un écrivain prodige de 20 ans. Succès immédiat auprès du public jeune, pincement de nez des tenants de la bonne pensée. Avec La tomba et De perfil (Mexico midi moins cinq, en français) la Onda était née. Aujourd’hui José Agustin approche de la cinquantaine. Il n’a rien oublié de ce temps-là même si son allure rappelle plus un employé sage qu’un révolutionnaire culturel. Pas de pose, de personnage drappé dans sa légende. Timide, il bégaie presque en s’exprimant, jette de temps à autre un coup d’œil à son paquet de cigarettes sans filtre sans jamais y toucher, parle français mais préfère dialoguer dans un espagnol limpide et hoche la tête à chaque question, un rien surpris de la curiosité manifestée à son égard.
« La Onda est un mouvement littéraire, allié à la musique rock et au phénomène de contre-culture en général, c’est un mouvement irrévérencieux, ironique, iconoclaste et très expérimental. » Agustin prend la société à rebrousse-poils, propose un souffle neuf, une vision ardente de la phrase, du mot, de la structure et lance la Onda qui prend son essor en 68, « l’événement le plus marquant depuis la révolution mexicaine. » Immédiatement la jeunesse embraye. Voilà Agustin à 22 ans, à la tête d’un brasier culturel qui va saper à la base la société mexicaine. « Pourtant ces deux romans sont très différents, La Tomba est plus proche de l’existentialisme, du monde beatnick et se termine par une mort tandis que De perfil a une veine plus jouisseuse, plus proche de la vie et finit par une naissance. » Le héros de De perfil traverse son adolescence dans une sorte d’indifférence détachée en contradiction avec la vie et la personnalité de José Agustin. « C’est que je n’ai pas écrit d’autobiographie avec ce livre, le personnage de De perfil a la facilité de pouvoir circuler à travers des milieux différents, et j’ai voulu écrire sur les niveaux distincts de la société. A l’origine ce livre devait s’appeler Le miroir en feu, parce qu’il était la réflexion de tout ce qui m’entourait. Les lecteurs peuvent ainsi tirer leurs propres conclusions. » Les personnages du livre sont en manque d’identité, se cherchent sans vraiment se trouver. « C’est l’âge qui veut ça, c’est le Mexique perçu par des individus en train de se former. » Mais il ne s’agit pas d’un documentaire sur ce pays dans les années soixante. Loin s’en faut, ce livre est universel, c’est le livre de la jeunesse. « Le thème central est un rite d’initiation à la vie en même temps que le reflet d’un monde social en ébullition, il se trouve que cette époque-là correspondait exactement à l’état d’esprit de mes personnages. Le livre a fait scandale, mais jamais, on n’imaginait qu’il aurait ce succès là, on disait à l’époque que ce n’était pas de la littérature. » Rire juvénile de Agustin.
La nouveauté réside dans...
Entretiens L’écriture cardiaque de José Agustin
octobre 1993 | Le Matricule des Anges n°5
| par
Alex Besnainou
Avec la traduction de Mexico minuit moins cinq près de trente ans après sa parution au Mexique, Agustin montre que le temps ne fait rien à l’affaire. Rencontre avec un auteur remarquable.
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