Un livre

Le Dernier des communistes

de Stéphane Bonnefoi

Editions Finitude

Il est touchant et drôle, Stéphane, le petit-fils de Maurice-le-Rouge, militant communiste, figure de la commune de l’Ardoise (Gard). Maurice Bonnefoi, « soixante-neuf années d’adhésion au Parti. Un homme de conviction. En 1970, lorsqu’il voulut faire embaucher son fils à l’usine sidérurgique de l’Ardoise, où la priorité à l’embauche était donnée aux enfants d’ouvriers, il se vit rétorquer par le chef du personnel : “Moi vivant, jamais un fils de rouge ne mettra un pied à l’usine !” Maurice retourna le bureau du chefaillon et mon père signa son premier CDI à tout juste 20 ans. »
Mais, hélas, Stéphane Bonnefoi ne suivra pas cette belle voie de l’usine et du Parti, tracée par le grand-père, un homme qui préférait la radio à la télévision, et l’a montré « ce jour de l’été 1974 où, dans un geste cathartique, il avait projeté un buste de Vladimir Ilitch (reproduction au 1/8e) en direction du cul-de-jatte de l’ORTF, Roger Gicquel. Le journaliste n’avait pas dit un mot du Congrès Extraordinaire du Parti. (…) Il restait vingt-quatre mois de traites à payer sur le téléviseur… »
Stéphane Bonnefoi, né en 1971, est devenu journaliste et auteur de documentaires pour France Culture. La radio, toujours… En 1979, l’enfant de 8 ans tente de capter quelque chose sur la bande FM, et soudain : « une voix d’outre-tombe. Une sorte de sermon messianique : Les mauvais pshhiii… jours fini… prrrreu… et gare… pruiiiiii… à la revanch uuuiiiiiiiii…quand les pôôôvr chhiiiouuuu… s’y mettr… Et puis plus rien. (…) C’était la radio de lutte des mineurs du bassin des Houillères des Cévennes. (…) Ils émettaient clandestinement depuis le puits de Ladrecht, par cent mètres de fond. »
Il rend aussi un bel hommage à sa grand-mère, qui « disposait d’un jeu de sermons » destinés à ceux qui venaient quémander l’aide de Maurice pour remplir des papiers ou faire face à un licenciement. « Faut vous battre, mon vieux… vous verrez, ça réchauffe de serrer les poings. »

Anne Kiesel

Le Dernier des communistes
de Stéphane Bonnefoi
Finitude, 112 pages, 14,50 €