Modernité du livre
Editions Double Ponctuation
Le livre a changé, et tous azimuts. En quelques décennies, sa fabrication, son édition, sa médiatisation, son lectorat, ont connu de profondes mutations. Enseignant à l’université de Bordeaux Montaigne, Olivier Bessard-Banquy retrace l’histoire de ces bouleversements et en montre les enjeux industriels et commerciaux, mais aussi sociétaux, dans un essai qui par surplus est un très beau livre. Illustré d’une centaine de couvertures superbes, pour la plupart venues d’éditeurs bien indépendants – Monsieur Toussaint Louverture, L’Arbre vengeur, Cent pages, Zones sensibles, etc. –, Modernité du livre intéressera les professionnels, mais aussi le lecteur, la lectrice, qui y feront quantité de trouvailles, et pourquoi pas dans le domaine des livres qui parlent… des livres. Ainsi du Manuel de bibliophilie de Christian Galantaris (Éditions des Cendres, 1997), ou de Bibliophiles et lecturomanes de Paule Adamy (Plein chant, 2017).
Outre nous révéler bien des secrets des éditeurs, leurs choix, leurs craintes (les encres pâlissent…), l’auteur casse un certain nombre d’idées reçues. Sur le livre numérique par exemple, lequel ne menace en rien le papier, ou sur le dogme qui opposerait le livre fabriqué « à l’ancienne » au livre « moderne », quand l’édition est toujours affaire de subtils compromis. Les réflexions touchant aux mutations sociétales sont passionnantes : l’émergence des « communautés de lecteurs », la tendance à faire du livre un objet-signe vendeur pour du mobilier ou des parfums de luxe, la mode des « encyclopédies improbables », etc.
Le livre, c’est visible, d’un amoureux du livre, parce que « c’est bien le livre en tant qu’objet par essence qui peut aujourd’hui susciter l’amour ».
J. Delclos
Modernité du livre
Olivier Bessard-Banquy
Double Ponctuation, 160 pages, 19 €